Croissance, capital, investissement, réforme… Les mots qui trichent

Illustration project-syndicate.org

 

Bonjour !

 

Aussi en anglais

Des mots travestis sont imposés par le discours médiatique globalisé, ce qui oblige à les alourdir d’un qualificatif qui restaure le sens d’origine, quand c’est possible. Le post-libéralisme par exemple a imposé un nouveau sens au terme réforme, qui au départ était voué exclusivement à des ambitions de progrès social s’opposant au conservatisme inné des dominants, et désormais signale une avancée des privilèges du capital aux dépens du social. Un candidat français aux élections présidentielles voué à la prosternation devant les grandes fortunes n’a pas hésité à titrer son livre de campagne, Révolution !

Voici donc que je découvre ceci. Des économistes se sont vus obligés d’appeler capital patient le capital non financier, soit le capital destiné à des investissements dans l’économie productive. Capital sans précision, désigne désormais dans les hauts-parleurs un montant financier voué à la spéculation, comme en attestent d’incessantes et quotidiennes publicités. (Rappelons la géniale définition du terme par Karl Marx: le capital est un rapport social.)

L’économie productive déjà, doit être appelée depuis des années, en ces temps obscurs, l’économie réelle, comme s’il y en avait une autre, irréelle, …la financière en fait, celle du casino planétaire géant.
Bientôt « investissement » va lui aussi devoir être spécifié, puisque ceux qui parient en bourse prétendent investir, terme repris en toute innocence par la presse mainstream mondialisée. Rappelons aux moins de trente ans qu’investir, en termes économiques, c’est consacrer des moyens, numéraires ou physiques ou commerciaux, à la réalisation d’un projet productif.

Je découvre le capital patient sur une page du site project-syndicate.org**, dans le texte d’un économiste et chercheur africain, Hippolyte Fofack, directeur de la Banque d’import-export africaine basée au Caire et créée en 1993 par un groupe de pays africains.
…Cet article montre une nette différence de vision avec nos experts du premier monde.

Les termes de l’échange (et leur détérioration pour les pays pauvres), par exemple, sont un concept familier pour lui. J’y ai certes consacré un mémoire de fin d’études, …qui n’a pas empêché sa disparition en nos terres bénies et myopes.

Hippolyte Fofack recourt aussi aux termes de croissance illusoire, car accompagnée d’une destruction de la nature, et de croissance paupérisante, pour les pays exportateurs de produits de base à faible intensité de travail.
Le vrai critère d’évaluation des pays à croissance paupérisante est le Revenu intérieur net et non le PIB : vous en trouverez une explication convaincante dans le texte.

Intitulé « Injustice climatique et malédiction de la croissance illusoire » , cet article est présenté ici en un fichier Word reprenant, et le texte anglais (pour les liens), et une traduction française Deepl.com.

 

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Liens

Banque d’import-export africaine : https://www.afreximbank.com ou https://en.wikipedia.org/wiki/African_Export%E2%80%93Import_Bank )

Le capital patient sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Capital_patient

** Article original en anglais : https://www.project-syndicate.org/onpoint/developing-countries-immiserizing-and-illusory-growth-by-hippolyte-fofack-2022-09

 

 

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