Voici un court billet de Paul Jorion, percutant et on ne peut plus clair, énonçant ce que nous sommes nombreux à avoir pensé sans nécessairement le formuler:
Il reste quelques jours pour répondre à la consultation organisée par la Commission européenne sur le volet « protection des investissements », ou « RDIE » (Règlement des Différends entre Investisseurs et Etat), du projet de traité transatlantique.
Pour les distraits ou pour vos contacts, j’ai recensé dans mon article précédent, « Tafta-Ttip (1/2), le vilain canard projet », quelques synthèses et avis en BD, textes et document audio.
La commission a fait de la réponse à cette consultation une vraie pénitence : nombreuses questions ouvertes, documents de référence en anglais, et le site vous donne 90 minutes pour y répondre. Traduction: Restons sérieux, ceci n’est pas une élection ! La date limite est le 6 juillet.
Cependant, si vous voulez déposer votre avis, ce que recommandent les ONG actives sur ce dossier, le faire en trois minutes aura le même poids que de s’arracher la tête pendant une heure.
Nous disions bien: restons sérieux!
Voici une marche à suivre pour répondre sans souffrir à cette consultation :
– parcourez d’abord rapidement la suite de ce billet
– ouvrez en ligne le questionnaire de la Commission – répondez à toutes les sous-questions 1. (INFORMATIONS RELATIVES AU RÉPONDANT) pour déposer vos données personnelles
– inutile de lire les pavés de texte (c’est très long), ou de consulter les liens (texte de référence en anglais)
– toutes les cases-réponse portent la mention « obligatoire » en orange
– copiez-collez « Pas de commentaire » à toutes les questions ( à partir de 2. OBSERVATIONS SUR LE TEXTE PROPOSÉ EN TANT QUE BASE DE NÉGOCIATION AVEC LES Etats-Unis), sauf la dernière
– pour la dernière, (C. Appréciation générale – Quelle est votre appréciation générale de l’approche proposée s’agissant des règles de fond en matière de protection et du RDIE comme base de négociation sur les investissements entre l’UE et les États-Unis? ),
répondez en quelques mots de votre plus belle prose, et le tour est joué.
(J’ai personnellement déposé ceci : Je suis totalement opposé à la notion même de RDIE et à ses juridictions spécialisées. Je suis d’une manière générale en désaccord complet avec l’ensemble de ce projet de traité, et notamment avec le secret qui préside à sa préparation.)
Vous avez sans doute fini par entendre parler du projet de « traité transatlantique » entre les Etats-Unis et l’Union européenne, aux appellations aussi variables qu’est grand les secret entourant sa préparation : TAFTA, (Trans-Atlantic Free Trade Agreement), appellation plutôt nord-américaine, à ne pas confondre avec Nafta, pour North-American FTA, qui existe déjà entre le Canada, les USA et le Mexique, TTIP, (Transatlantic Trade and Investment Partnership) – terme en usage sur le site de la Commission européenne, Partenariat transatlantique, GMT, pour Grand Marché Transatlantique.
En français de tous les jours, ça donne :
– baisse des barrières douanières
– risques d’alignement des normes environnementales et de santé publique sur le moins disant,
– négociations secrètes et contournement du suffrage de moins ne moins universel,
– « protection des investissements » contre les États,
– création de cours de justice spéciales.
Voici cinq synthèses et avis : 1. Court et clair, en BD: Lire la suite
C’est dans la synthèse de Noël Mamère au lendemain de l’élection neuropénienne:
« En fin de compte, l’élection du 25 mai n’apparaîtra que comme un épisode de plus de la vague identitaire liée à la mondialisation libérale qui renforce l’ethnicisme, la xénophobie, les racismes et les nationalismes.
(…)
« L’idée européenne est en train de mourir « Notre Europe créée pour conforter la paix est devenue une Europe forteresse, qui se barricade contre de nouveaux « barbares » venus du Sud et de l’Est. Nous avons élargi, sans l’approfondir, une Union sans souffle. Lire la suite
Mon titre est entre guillemets. C’est un des trois slogans de campagne d’un parti allemand candidat à l’élection au parlement neuropénien. Son deuxième slogan: « Non à l’Europe, oui à l’Europe. » Vous trouverez le troisième en fin d’article.
Pour y croire à son logiciel, la Merkel, elle y croit. Avec un peu de mauvaise foi, parce que sans doute elle le sait, ou le sent, qu’elle est crispée sur un credo incertain.
Elle n’est pas la seule en son pays, mais vu sa position, il faut bien qu’elle assume de représenter ce qu’elle prétend représenter. Frédéric Lordon explique très bien comment « l’Allemagne » se raconte des histoires sur son histoire. La peur allemande sacrée de l’inflation, érigée en absolu de l’ugnion neuropénienne, n’est pas fondée. Ce n’est pas l’hyper-inflation de 1923 qui a mis Hitler au pouvoir, c’est la politique d’austérité qui a suivi la crise de 1929 – et bien sûr, plus avant, le traité de Versailles. Lire la suite
D’abord, est-ce que j’irai voter ?
C’est une vraie question. Souvent, je ne votais pas. Intuitivement, je ne le sentais pas. Et factuellement, voici juste un exemple. Chaque année pendant une décennie, à New York aux Nations-Unies, un type a voté en mon nom et contre l’Irak de Saddam Hussein, un embargo sur les médicaments qui tuait des milliers d’enfants saison après saison, sans rien retirer aux soins dont pouvaient bénéficier Saddam et sa clique. Le type qui votait en mon nom à New York le savait, bien sûr, et, de façon tout aussi banale, on ne m’a jamais demandé mon avis.
Le 25 mai, je ne voterai pas pour que PTB-go me représente. Je voterai pour dire toutes mes réserves sur la représentation telle qu’elle fonctionne. Et le dire autrement qu’en restant chez moi, parce que je commence à avoir des fourmis dans les jambes avec tous ces élus qui agissent sans mandat.
Il y a en Belgique comme dans toute l’Europe, de plus en plus de gens qui vivent mal et qui redoutent le lendemain ou la fin du mois. Et parmi eux, alors que dans leur entourage proche, dans leur famille ou parmi leurs collègues quand ils en ont encore, certains choisissent l’extrême-droite, malgré cela un nombre croissant de ceux qui paient cash l’injustice, voteront pour un parti à la gauche de l’éventail électoral. Chapeau !
Le 25 mai, je ne voterai pas PTB-go. Je voterai avec ces gens-là.
Les élections, c’est comme le football. Lire la suite
Le propos est certes ici franco-français – mais pourrait concerner d’autres pays dans l’hypothèse d’une montée de l’extrême-droite, et douteuse est la majuscule à « Nation ». Mais le propos est clair, sur l’essentiel: il ne faut pas craindre d’avoir un argument qui peut paraître, hors perspective, celui du Front national. C’est se censurer soi-même et laisser à l’extrême-droite le monopole de certaines réflexions, ce qui est plutôt grave, surtout pour une gauche qui se veut de gauche (de gauche.) Frédéric Lordon ne cesse de le répéter pour son compte propre. (Moi je veux contester ces thèmes, et je veux contester la monopolisation qu’en fait le Front National. (…) Le corps électoral cherche frénétiquement une différence. (…) Si la seule différence significative est portée par le Front National, alors le Front National connaîtra des succès électoraux.)
Et en effet, s’extraire du corsetage europénien à la Lordon ou quitter l’euro avec la fille Le Pen, ça n’a rien à voir.
Voici la présentation de cet entretien avec Aurélien Bernier par Les Mutins de Pangée, qui le publient: Lire la suite
C’est ce qu’a déclaré il y a deux jours le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires européennes, le SPD Michael Roth, dans un entretien à l’AFP.
Il annnonce une correction.
Ainsi, la vérité des secrétaires d’État varie. En fonction de quoi? On se le demande.
Cette vérité ministérielle d’aujourd’hui, mes bons auteurs la disent depuis des années, et moi je l’écrivais sur ce site dès le 30 mai 2012.
…À quoi donc reconnaît-on un bon auteur?
_______________________________________
* Je multiplie les liens à dessein, car c’est typiquement le genre d’info qui se fait expurger d’Internet à plus ou moins brève échéance. Ben oui, Internet est expurgé, le réseau des réseaux est aussi bigot et prude qu’il se la joue affranchi et audacieux. Il est censuré comme un code de morale puritaine. À chacun sa morale bien sûr, et celle d’Internet est liée à la raison d’État ou des États. Leurs obscénités peuvent être nos vérités. C’est un autre et intéressant sujet à propos duquel j’ai quelques exemples croustillants, vous aussi peut-être, vous pouvez me les signaler, pour une prochaine rigolade – parfois un peu jaune ou dents serrées, je sais.
Jouons un peu.
Le titre est une phrase de Paul Jorion.
Le sujet c’est la Belgique et sa dette publique.
La vidéo n’est pas offerte par les sauces V.
Ceci n’est pas une publicité.
Ce n’est pas un exemple à suivre.
C’est la règle pourtant dans l’Union n’Européenne.
Février 2013. Je retrouve un article ancien, du 24 avril 2006, commentant, comme par avance, l’étroitesse de la conception du mot « paix » dont témoigne le prix Nobel du même nom décerné récemment à l’Union européenne. Il y manque juste, inévitablement, un résumé des interventions militaires menées dans les années qui ont suivi ce texte, par des pays de la dite Union, OTAN oblige, paraît-il. L’Atlantique-Nord s’étend donc désormais jusqu’aux frontières du Pakistan. Deux traits majeurs caractérisent nos pays, disait Howard Zinn, niés quotidiennement par le discours officiel: la cupidité et le militarisme. Lire la suite