Sophie a aujourd’hui cinquante ans, comme Mai 68

 

Pour Sophie, contractuelle depuis près de vingt ans dans l’Éducation nationale payée au Smic, ça ne fait aucun doute : « Macron veut nous faire la peau. Il s’attaque à tout le monde, les étudiants, les cheminots, les fonctionnaires, les retraités, les chômeurs, pendant que le CAC 40 engrange encore plus de bénéfices. » Elle ajoute : « Je vais avoir 50 ans le 25 mars. Je suis née trois jours après le début de Mai 68. J’espère que le mouvement va prendre. Il le faut absolument. »

Mediapart 23 mars 2018, reportage à la manifestation de la veille contre la réforme de la Sncf et la dégradation des services publics.

 

*    *    *

Note: le mouvement français dit « mai 68 » a en effet commencé le 22 mars, mais uniquement pour sa moitié étudiante. Cet événement a aussi été un vaste mouvement ouvrier et salarié, un des plus massifs du XXème siècle. Qui en parle?

Alain Finkielkraut, pauvre Blanc de la culture selon Pierre Bourdieu

Pierre Bourdieu

« Le problème que je pose en permanence est celui de savoir comment faire entrer dans le débat public cette communauté de savants qui a des choses à dire sur la question arabe, sur les banlieues, le foulard islamique… Car qui parle dans les médias ? Ce sont des sous-philosophes qui ont pour toute compétence de vagues lectures, de vagues textes, des gens comme Alain Finkielkraut. J’appelle ça les pauvres Blancs de la culture. Ce sont des demi-savants pas très cultivés qui se font les défenseurs d’une culture qu’ils n’ont pas, pour marquer la différence d’avec ceux qui l’ont encore moins qu’eux. »
(Entretien dans L’Hebdo, 14 novembre 1991) » Lire la suite

Jean-Pierre, 42 ans – L’hypocrisie sinistre de l’aide sociale en Belgique

D’après une photo de Revelli Beaumont, Sipa

 

Bonjour!

 

L’État social belge dit ne laisser personne au bord du chemin. Tout résident sur le territoire a droit à une aide inconditionnelle pour sa subsistance, s’il échappe à toute autre allocation.
Typiquement, l’époque a voulu renommer l’ancienne assistance publique en aide sociale, et le minimum de moyens d’existence, ou minimex, est devenu un revenu ‘d’insertion’. Changer le nom est devenu un poncif de l’action managériale, publique comme privée. Un mantra. Vous connaissez le nom de votre distributeur d’électricité?
Ici, le petit problème est que les personnes sans domicile échappent à ce minimum absolu. Vous comprenez, si elles n’ont pas de domicile, comment établir leur dossier, où les contacter, où leur remettre quelques picaillons? L’obstacle est insurmontable pour l’administration et la puissance publique 2.0 du marché total du XXIème siècle.
Il s’agit bien de puissance… L’État social ne laisse personne sur le bord de la route – sauf ceux qui n’ont pas de domicile. C’est aussi grotesque qu’irréel. Je crois rêver.

Mais je suis bien éveillé.
Nous sommes samedi. On sonne à ma porte vers quatorze heures.
Un homme me demande un peu d’argent « pour son pétrole ». Lire la suite

Rojava, le fédéralisme démocratique, « véritable ovni politique » …au monde

Bonjour!

 

Voici un excellent documentaire: Rojava, une utopie au cœur du chaos syrien, un film de Chris Den Hond et Mireille Court (45 minutes, juillet 2017.) De nombreuses personnes engagées dans le processus sont entendues dans ce reportage. On y perçoit la densité populaire du mouvement, et le pouvoir qu’a eu ce nouveau cours de faire émerger des personnalités improbables ailleurs.

Le reportage montre une critique en actes de l’État-nation. La preuve en est faite dans cette partie du monde: il n’y a pas d’État-nation sans discrimination des minorités. Plutôt que de multiplier les ectoplasmes législatifs pour tenter de corriger cette dérive quasi intrinsèque de la nation, pourquoi ne pas fonder l’État, dès le départ, sur la reconnaissance de la diversité des populations, particulièrement forte dans cette région du monde?

Le Rojava, ou « Fédération démocratique de la Syrie du Nord », Lire la suite

Voeux pour 2018 – Exercice de transposition

Pierre Lemaitre © Maxppp / Alejandro García/(EPA) EFE/Newscom

 

Bonjour!

Jean Renoir faisait chanter:
« les escaliers de la Butte
sont durs aux miséreux
 » ,
et aujourd’hui, la période me paraît bien dure …aux voeux.
Je n’arrive pas à livrer des voeux publics et généraux pour 2018.

Je reste à l’arrêt face à la réflexion, certes franco-française, de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 pour son roman Au revoir là-haut. Il adresse, dans l’émission Boomerang de France-Inter, ses voeux pour 2018 …aux riches:

 

Cela se transpose-t-il en Belgique ou ailleurs?

 

 

 

Six voitures. L’écologie est en de bonnes mains avec le ministre Nicolas Hulot

Le livre d’Hervé Kempf existe au Seuil (poche, 7,50 euros) et en version digitale gratuite

 

Bonjour!

C’est dans Libération (et ici en PDF):

A côté de ses neufs véhicules à moteur (six voitures, un bateau, une moto et un scooter électrique), Nicolas Hulot quant à lui a déclaré une maison de plus de 300 mètres carrés en Corse estimée à plus d’un million d’euros, ainsi que plusieurs autres biens immobiliers en Côte d’Armor et en Savoie dont il est co-propriétaire, d’une valeur totale de 1,9 million. A cela s’ajoute sa société Eole, qui encaisse ses droits d’auteurs et les royalties des produits dérivés Ushuaïa et dont la valeur est estimée à 3,1 millions d’euros, tandis que le total de ses contrats d’assurance vie, instruments financiers, comptes courants et produits d’épargne atteint environ 1,17 million d’euros.

Bonne journée!

 

Guy

www.ulyces.co

Un peu de logique — Ce qui est bon pour l’entreprise n’est pas nécessairement bon pour l’économie, ou Le sophisme de composition

 

Bonjour!

 

C’est de l’économie, et c’est du Frédéric Lordon:

(…) on voudrait au moins rappeler le contresens princeps qui vicie immanquablement toute l’argumentation « par l’entreprise ». Contrairement à ce que suggère le sens commun éditorialiste, ce qui est bon « pour l’entreprise » n’est pas bon ipso facto pour l’économie tout entière. On appelle d’ailleurs « sophisme de composition » cette erreur intellectuelle qui consiste à étendre à la macroéconomie des énoncés valides pour la microéconomie, comme si la première n’était que l’extension « à l’identique » et à plus grande échelle de la seconde. En fait il n’en est rien, et il suffit pour s’en rendre compte d’imaginer la généralisation de ce rêve patronal — donc microéconomique — par excellence : le salaire zéro.

Sans doute faut-il solliciter rudement l’imagination pour se figurer des salariés travaillant effectivement quoique renonçant à tout salaire. Mais l’expérience de pensée a précisément cette vertu de permettre la démonstration par l’absurde. La composition des zéro-salaires microéconomiques produisant zéro revenu disponible à l’échelle macroéconomique, il n’y a plus aucune demande solvable des ménages adressée aux entreprises… Problème de coordination typique, où chaque entreprise désirerait en fait se réserver le privilège du salaire zéro en laissant à toutes les autres le soin de contribuer à former de la demande solvable. L’inconvénient étant bien sûr que, chaque entreprise faisant par devers soi le même raisonnement, toutes se défaussent et, par-là même, produisent collectivement leur impasse. Où l’on découvre que la macroéconomie n’est pas simplement de la microéconomie augmentée.

(La pompe à phynance – Contre le système bancaire-actionnaire, le blog de Frédéric Lordon. http://blog.mondediplo.net/2017-10-03-Le-service-de-la-classe)

Je reformule: Lire la suite

Voter avant le 20 octobre: Prix du public d’architecture et urbanisme de la Ville de Liège 2017

Bonjour!

Pour ce prix du public, toute une chacune, habitante de Liège ou pas, peut voter avant le 20 octobre, une seule fois dans chacune des quatre catégories.

Ici deux photos d’un projet classé en catégorie « micro-architecture ».
Située boulevard de la Constitution en Outremeuse, cette réalisation est décrite comme suit:

Lauréate du prix Co-légia 2016, l’association Spray Can Arts a invité l’artiste français 2Shy à réaliser une fresque murale monumentale sur le pignon d’une dent creuse située en Outremeuse. Avec la participation d’enfants fréquentant le Centre psychothérapeutique ‘La manivelle’, l’artiste décline un univers vibrant et coloré, collaborant ainsi à l’embellissement du paysage urbain liégeois.
http://www.prix-urbanisme-architecture-liege.be/projet/59

Heureux les pauvres! – RFA, Teresa, USA, Macron, ça n’en finit pas

Bonjour!

 

Mère Teresa disait que les pauvres (en acceptant leur sort) nous donnent une grande et salutaire leçon d’humilité.

L’économiste canadien devenu étasunien, John Kenneth Galbraith, écrivait en 1985 un bref article sur les idéologies de la richesse, intitulé « L’art d’ignorer les pauvres ».
Cet « art » est immémorial. Aussi vieux que la pauvreté.

Aujourd’hui, quand vous entendez « responsabilité individuelle », vous gagnerez du temps dans votre compréhension du monde en traduisant sans barguigner par: « les miséreux sont responsables de leur misère ».

Exemple.
En Allemagne, la casse sociale des lois Hartz a été opérée par le SPD et les Verts, deux partis supposés à gauche de celui d’Angela Merkel. Ça passe mieux avec ces gens-là au pouvoir.
Ci-dessous un florilège bien représentatif de l’idéologie des élites allemandes.
Mais pas que des élites, car la domination est aussi dans la tête des dominés.
Et pas qu’allemandes, car les lois Harz font rêver les élites françaises et Macron s’en inspire dans son détricotage du code du travail.
Ces citations sont extraites du Monde Diplomatique qui, dans son édition du mois de septembre, propose un voyage au pays du chômage germanique, sous le titre « L’enfer du miracle allemand »:

 

Heureux les pauvres

«Celui qui peut travailler, mais ne veut pas, n’a aucun droit à la solidarité. Il n’y a pas de droit à la paresse dans notre société. »
Le chancelier Gerhard Schröder interviewé par Bild, 6 avril 2001

« Les coûts salariaux ont atteint un niveau qui n’est plus supportable pour les salariés et qui empêche les employeurs de créer de l’activité. (…) Nous allons devoir couper dans les dépenses de l’État, encourager la responsabilité individuelle et exiger plus d’efforts de la part de chacun. »
Gerhard Schröder, discours au Bundestag, 14 mars 2003

« La misère, ce n’est pas la pauvreté du porte-monnaie, mais la pauvreté de l’esprit. Les classes inférieures ne manquent pas d’argent, elles manquent de culture. (…) La pauvreté découle de leur comportement, c’est une conséquence de la sous-culture. »
Walter Wüllenweber, éditorialiste, Stern, 16 décembre 2004

« La pauvreté n’est pas qu’une question d’argent. ( ) Ce qui compte pour une famille, c’est de bien savoir dépenser son argent. (…) Un repas dans un fast-food est non seulement moins bon pour la santé, mais aussi plus coûteux qu’un ragoût avec des légumes de saison. »
Renate Schmidt, ministre fédérale de la famille (Parti social-démocrate, SPD), Bild am Sonntag, 27 février 2005 Lire la suite