En voici quat’e
d’aujourd’hui,
si écoutez, faites-le
dans l’ordre,
c’est un discours, on ne lit pas
une phrase par la fin,
par la faim,
mais on peut
commencer
par la faim, Lire la suite
– Bonjour madame Belgique!
– Bonjour monsieur!
– …Ce n’est pas tous les jours que l’on peut parler avec madame Belgique tranquillement, sans hâte ni tension, les yeux dans les yeux dirais-je, comme au coin du feu.
– En effet, pas du tout !
– C’est donc un grand plaisir pour moi, un privilège même!
– Que je partage entièrement!
– Vous n’êtes cependant ni très accorte, ni amène, ni, comment dire? – Au vrai, vous n’êtes pas très charnelle…
– Pas du tout charnelle en effet!
– De l’ordre plutôt symbolique…
– …Ce qui vaut mieux qu’hyperbolique, ah ah ah, tout à fait !
– Peut-on dès lors dire que vous êtes un fantasme, madame Belgique, un être imaginaire, un… Lire la suite
Il était une fois un petit homme qui s’appelait Bart Le Tisserand.
Il était certes assez grand, en taille, par rapport à ses concitoyens, et il a certes occupé quelques hautes fonctions parmi eux. Pourtant, c’était un petit homme.
Dans son pays de dimension modeste, la Belgique, Bart Le Tisserand voulait que la province où le hasard l’avait fait naître, la Flandre, devienne un pays à part entière, autrement dit: un pays plus petit. Bart Le Tisserand pensait qu’il serait un grand homme s’il menait à bien cette mission, rendre son pays plus petit. Lire la suite
J’étais à peine endormi, qu’un cauchemar m’a réveillé. La dernière phrase du rêve, avec son verbe en relief, résonnait à mes oreilles et figeait ma conscience : « Alors Hitler gaza les juifs. »
Gaza.
Je me suis levé, je suis descendu à la cuisine. Reprenant mes esprits devant un verre d’eau, je découvre la petite flamme de la cuisinière qui brûle toujours sous le diffuseur, depuis le dernier thé de la soirée. J’avais oublié d’éteindre le gaz! Comme une mauvaise ligne de défense d’Eichmann à son procès.
Je n’avais pas échappé à la dernière et sinistre actualité de Gaza. Plomb durci est le nom que les communicateurs de l’armée israélienne lui ont donné. Pour moi c’est, Gaza le blocus, Gaza les réfugiés, Gaza prison, Gaza envahie, Gaza sous les bombes, Gaza les enfants… À Gaza, des écoles, et même le zoo ont été bombardés. Alors de temps en temps, le gaz se fait oublier dans ma cuisine.
Gaz et Gaza me font problème.
Gaza est un des lieux de la planète où il n’est pas bon d’avoir vingt ans. On y voit de jeunes garçons jeter des pierres sur des blindés. C’est un jeu qui n’est pas drôle, un jeu dangereux. Un jeu auquel je ne me suis pas livré dans ma jeunesse, ni vous, ni personne parmi nos amis et connaissances. Un jeu que personne ne choisit pour ses enfants. Un jeu auquel jouent ou ont joué très peu de jeunes au monde, un jeu qui dérange et qui pose question.
Nous souhaitons que les jeunes Palestiniens nous fichent la paix. La paix! Nous n’aspirons qu’à la paix. Qu’ils s’occupent de… des olives, de musique, de mobylettes, de leur petite amie, de leur verre de bière ou de thé, d’un boulot et de vacances. Que les jeunes Palestiniennes aient d’autres choix que le repli, la peur, le deuil. Qu’elles étudient ou travaillent. Qu’elles nous fichent la paix.
J’ai un cerveau. Un coeur. Des tripes. Une mémoire. Des blessures. Des infos. Et même: de l’imagination.
Donc… j’imagine.
Avoir vingt ans en Palestine. À Gaza.
*
Bien. Imagine est aussi une chanson célèbre, dans une langue qui n’est pas la nôtre. Vous connaissez son texte.
Bon.
…Vous êtes toujours là, réveillé ?
…Pardon ?
…Vous dites que vous veillez ?
Ah !
Nous ne sommes pas tout à fait seuls.
Je peux dormir en paix.
* * *
La campagne qu’Israël baptisa « Plomb durci » eut lieu du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Imagine de John Lennon, texte et chanson : http://www.lacoccinelle.net/243444.html
L’idée était de vous envoyer un morceau de mon piano. Pas un bout de bois et de métal ! Non, vous envoyer un morceau joué, c’est à dire improvisé (car je ne lis aucune partition), sur mon piano. J’en ai enregistré quatre, ce samedi 29 décembre.
Mais voilà, je ne peux pas éviter de parler de la veille, vendredi 28.
J’étais ce soir-là à la piscine du Sart-Tilman, au coeur du campus de l’université.
Un nageur en difficulté a soudain été ramené par d’autres sur le bord du bassin, ce qui m’a échappé en raison de ma myopie. Mais l’instant d’après, je percevais, en toute clarté, la course silencieuse du maître-nageur s’élançant depuis le côté opposé. Il se passait quelque chose.
La soirée a changé de cadre. Lire la suite