La cohérence et les tartuferies d’Emmanuel Macron selon Romaric Godin

La Guerre sociale en France – Aux sources économiques de la démocratie autoritaire (éd. La Découverte, 245 pages, 18 euros) est le dernier livre de Romaric Godin, journaliste actuellement chez Mediapart, lequel y consacre un large article (ici en PDF).

Romaric Godin étudie un peu finement la position de Macron, avec sa cohérence et sa « tartuferie », qui repose essentiellement sur des axiomes assumés comme non critiquables. C’est donc par la critique des axiomes, comme pour un paranoïaque et comme pour la « science » économique universitaire dite néo-classique, qu’on peut échapper à sa logique. Par exemple, le mantra macronien « progressisme » consiste à favoriser la possibilité de chacun …de se vendre au mieux sur le marché du travail.
Entre parenthèses, Macron a été co-rédacteur du rapport Attali, ce faiseur de rois campant complètement sur une même ligne du « tout ou rien ».

Macron se dit progressiste.
Quel est donc le progressisme de ce « réformateur » qui a donné le titre « Révolution » à son livre d’entrée en politique?
Voici ce qu’en dit Romaric :

Le progressisme se veut social parce qu’il entend donner à ceux qui ne les ont pas les moyens de venir sur le marché du travail, là où le capitalisme manchestérien ne se souciait pas de la capacité des hommes à se vendre. Il les prenait comme ils étaient, pour ce qu’ils étaient. Ici, le « progressisme » ne cesse de parler d’humain, parce qu’il entend donner à chacun cette capacité à se vendre. Il y a cette idée que l’on peut en permanence améliorer sa compétitivité individuelle et mieux réussir sur le marché. Le libéralisme d’antan laissait l’individu se débrouiller avec ce qu’il avait, le néolibéralisme veut améliorer la capacité marchande de chacun. La compétition n’en est pas moins féroce, et le résultat pas forcément différent.
Cette action se fait, d’abord, par une logique de workfare : l’État doit assurer à chacun des revenus minimum permettant de se présenter sur le marché du travail. Mais il ne peut le faire que si ces revenus sont effectivement utilisés pour aller sur le marché du travail. Autrement, il s’agirait d’une rente. Le soutien contre la pauvreté n’est donc pas un humanisme, c’est un soutien au marché qui est conditionné à la participation de l’individu a ce dernier. Deuxième moyen, la formation et l’éducation, qui doivent assurer la capacité marchande permanente de l’individu sur le marché du travail et permettre une adaptation de l’individu aux demandes du marché. Dernier moyen, la lutte contre les discriminations, qui n’est cependant pas une spécificité de ce « progressisme ». Là encore, il ne s’agit pas d’un quelconque humanisme mais d’une logique de marché : toute discrimination est une rente parce qu’elle favorise un acteur de marché plutôt qu’un autre sur des critères non économiques. Mais c’est souvent une tartuferie car les discriminations, raciales et sexuelles, s’enracinent aussi dans des déterminations économiques. L’illégalité formelle de la discrimination ne dit rien des différences sociales qui, souvent, aggravent les discriminations existantes. Si les personnes d’origine étrangère sont moins bien formées en raison des capacités économiques de départ de leur famille, elles seront toujours proportionnellement moins nombreuses à réussir. Surtout si les protections sociales sont affaiblies et renforcent encore les inégalités sociales de départ. Mais, comme la réussite n’est qu’individuelle, ces circonstances sont largement niées. La lutte contre les discriminations est donc un paravent de la libéralisation. On constate, du reste, que ce « progressisme » n’est largement que de façade, la politique migratoire d’Emmanuel Macron étant très peu ouverte et centrée sur les besoins du marché.
(…)
À noter : le progressisme ne discute pas, ou à la marge, le résultat de la loi du marché, puisqu’il estime que la redistribution est trop forte. Toutes les inégalités issues de la justice du marché sont acceptables. Le travail, produit du marché, est un « vecteur de mobilité sociale et d’émancipation » et ceux qui veulent vivre mieux doivent donc mieux répondre aux demandes du marché. C’est là une responsabilité individuelle. Grâce au marché, le progressisme remplace la redistribution par des droits.

Les origines de l’école égalitaire finlandaise

Bonjour!

L’école finlandaise remporte la première place dans les études Pisa de l’Ocde, parmi les pays membres de l’Organisation, que ce soit par l’excellence du niveau moyen ou par le peu de distance entre les élèves finlandais les mieux classés et les moins bien classés.
L’école est publique, entièrement gratuite jusqu’aux transports scolaires et la cantine, décentralisée, l’inspection est inexistante, Lire la suite

Exportations d’armement : la Région wallonne poursuivie pour refuser l’accès à la liste des autorisations

FN cartouche 12.7
12.7, c’est le calibre des fusils d’assaut de la FN Herstal les plus méchants, ceux qui permettent de « blesser mortellement » à 700 mètres. D’après une photo de © Clément Philippe, in Lecho.be

 

Bonjour!

La Région wallonne organise une opacité aujourd’hui illégale, vu l’obligation des administrations de laisser consulter leurs documents par les citoyens.
Ce fait du prince, encore actuel, était déjà mentionné dans Condroz belge en mars 2007 et y fut rappelé encore ce 4 septembre.

Mais voici une bonne nouvelle, que Lecho.be présente ce 12 septembre selon une dépêche Belga: Lire la suite

Alibaba à Liège

Illustration bbc.com

Bonjour!

Les préparatifs de l’installation du géant chinois de la vente en ligne Alibaba à l’aéroport de Bierset se poursuivent.

Dans une info de Todayinliege.be, nous lisons que:

  • Les conseillers Ecolo de Grâce-Hollogne soutiennent l’avancement du dossier. Le mouvement Demain, non représenté au conseil communal, dénonce le projet.
  • Le trafic de camions va passer quotidiennement de 500 à 2.000 en région liégeoise.
  • En région parisienne, l’aéroport de fret a réduit de 40 mois la durée de vie en bonne santé des riverains.

La vision que Macron porte sur les gilets jaunes est complotiste

Affiche de l’association anticommuniste Paix et liberté, 1952. En titre du billet de F. Lordon
Affiche de l’association anticommuniste Paix et liberté, 1952. En titre du billet de F. Lordon

Bonjour!

Il est toujours stimulant et rafraîchissant de consulter le blog de Frédéric Lordon, La pompe à phynances.
Condrozbelge
ne s’en lasse pas.

Voici son billet du 2 février 2019: « Le complotiste de l’Élysée » .
Au sommaire: Lire la suite

Syndicalisme: la FGTB veut troquer des emplois wallons contre des morts au Yémen et ailleurs

Le fusil d’assaut FN-SCAR dans sa version H-TPR, de calibre 7.62, capable, dit la notice, de « blesser mortellement » à 700 mètres

 

Bonjour!

 

Mon titre est un peu violent. Mais d’une part il est exact, et d’autre part il faut bien secouer les consciences anesthésiées, sans quoi je serais en délit de non-assistance à personnes en danger. J’emprunte ce titre à une Lettre ouverte aux syndicats, de l’excellente Colupa, la Coalition Luxembourgeoise pour la Paix. (De la province belge du Luxembourg.)

Cela fait quelques jours que Condroz belge perd des neurones et se fait des cheveux blancs à lire les déclarations des syndicats, en particulier la FGTB, en défense des exportations d’armes wallonnes. Lire la suite