Pantoufle Watch est un collectif français de veille et d’alerte. Pantoufle désigne ici, aussi bien les braves gens en pantoufles qui s’en tiennent à la passivité, par exemple face à la montée des bruits de bottes, que le « pantouflage » consistant, pour un haut fonctionnaire, à se mettre au service du privé, dans un emploi en général mieux rémunéré où sont achetés ses compétences mais aussi ses réseaux, son entregent et son carnet d’adresses. Ce qui n’est pas sans poser des questions de contournement de l’intérêt public, les serviteurs de la chose publique se révélant alors être des mercenaires. Les exemples sont innombrables, à commencer près de chez vous.
Le pantouflage est une source infinie d’endogamie des élites des États ou organisations internationales, et des grandes entreprises, dans la plupart des pays petits ou grands.
Mais laissons Pantoufle Watch se présenter: Lire la suite
Ça coagule.
Les pièces du puzzle se mettent en place.
« Il n’y a qu’un seul monde! » répète avec force et depuis longtemps le philosophe Alain Badiou.
La philo, moi, je n’y connais rien.
Je suis d’un pays qui baptise « humanités » des études secondaires où pas une phrase de philo n’est enseignée. C’est dingue, et c’est un grand regret.
La philo je n’y connais rien, et à jamais, puisqu’après les humanités, j’ai étudié autre chose que la philo.
Je n’ai donc très logiquement rien lu d’Alain Badiou, sauf son accessible et réjouissant De quoi Sarkozy est-il le nom?, et j’ai suivi quelques-unes de ses vidéos, notamment l’émission qu’il tient sur le site Mediapart.
Dans l’un de ces enregistrements, Badiou martèle à plusieurs reprises qu’il n’y a qu’un seul monde. Lire la suite
J’ai vu ce film qui fait parler de lui, Demain, un documentaire de Cyril Dion avec Mélanie Laurent.
Les critiques dans la presse saluent son optimisme et sa fraîcheur, et semblent s’interdire d’être réellement critiques. Comment dire du mal d’un tel élan de positivité quand les bonnes nouvelles sont si rares?
À l’oral, dans les conversations entre amis, le commentaire le plus répandu énonce que c’est un film dont on sort optimiste.
Autant le dire tout de suite, je suis sorti de la projection fort perplexe et même, franchement sceptique. Lire la suite
C’est la nouvelle donne, la dernière et provisoire extrémité de la vérité dans ce pays-là: chaque mois, un millionnaire se lève pour sauver l’Amérique.
Derrière lui, avec lui, il y a Dieu. Car « réussir dans la vie » , là-bas, est synonyme de gagner de l’argent, et le signe que vous protège et vous a élu ce type, dont nous parle chaque billet vert de la monnaie encore impériale: « In God we trust » , que le PrésiDent invoque à la fin de chaque discours par la formule « God bless America » . (Je ne sais quelle boucle cyber-neuronique se charge à chaque fois de me faire lire ou entendre In Gold we trust et Gold bless America.) Sans cesse ils plantent leur drapeau, sur leurs champs, leurs collines, leurs immeubles, commerces, voitures, logos, publicités, snacks, slips et chapeaux.
Ils ont de la chance, les Américains!
Dieu a des tas de plans pour sauver les USA, le meilleur et le seul morceau d’Amérique qui vaille d’être nommé. On n’avait plus vu ça en Occident, un tel coup de pouce de la divinité, depuis Jeanne d’Arc.
Après tout ce que le Type Des Billets Verts a sauvé depuis la nuit des temps, et avec tout ce qu’Il sauve quotidiennement, Lire la suite
On se doute que la réponse est « non ». Romaric nous explique comment Merkel aurait lâché la bride à Schäuble pour faire peur au gouvernement Tsipras, tétanisé à l’idée de quitter la zone euro. Car si le « grexit » est de longue date la préférence du bundes-ministre des finances, les aléas de l’aventure font reculer les plus prudents, dont la chancelière.
Pour rappel, à partir du moment où Tsipras, abusé, a cru que l’eurozone était prête à l’exclure des bénéfices du fétiche monétaire unioniste, à partir de ce moment, il était cuit. Il a tout accepté pour rester dans l’euro, et Angela n’avait plus qu’à faire son business as usual, faire accepter au Bundesrat l’accord imposé à Tsipras.
La chancelière aurait joué Schäuble dans sa stratégie personnelle contre la Grèce. Romaric Godin montre qu’aussi acharnés soient certains gouvernements (Finlande, Slovaquie, pays baltes) sur la ligne Schäuble, c’est l’Allemagne qu’ils suivent et si Angela Merkel impose un aménagement, personne ne proteste parmi ces héros.
Cependant la France est sortie du bois tout à la fin, au moment de la défaite de Tsipras, tentant de faire valoir qu’elle aurait une position indépendante de Berlin, voire même conflictuelle, et que ce serait la France qui aurait empêché Schäuble et sa bande d’exclure la Grèce de l’euro – alors que c’est Angela qui a fait ça. La France de Hollande-BNP-Paribas n’a en réalité pas cessé de laisser les coudées franches à Deutschland GmbH*, dans la crise grecque, et depuis plus longtemps même, et en retour la chancelière laisse Hollande et son ministre des finances Sapin faire leur numéro devant les micros. Je vous renvoie à l’article pour les détails, très instructifs, et pour la vue d’ensemble, très convaincante.
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La comédie en place permet à Hollande de prétendre « équilibrer » le rapport avec l’Allemagne, voire de s’y opposer. Lire la suite
Jacques Généreux (1) a prononcé cette phrase résolue en octobre 2014. Il n’a pas attendu le drame grec pour réfléchir.
C’est un plan crédible de réforme démocratique de l’Union européenne et de la zone euro, engoncées dans des traités irréformables et corsetées par une règle de l’unanimité. L’idée en est de créer une crise majeure, qui obligera à débattre des impasses de l’UE et de la BCE.
Jacques Généreux ne veut pas abattre l’Europe des institutions, il veut la réformer. Lire la suite
Nous sommes dans une semaine grecque, à n’en pas douter, et un moment historique.
1. Juncker
Le Nouvel Obs écrit que Jean-Claude Juncker « peine à masquer sa désillusion » .
C’est bizarre, moi je suppose de la comédie.
Que notre commissaire en chef marque le coup, c’est sûr, et qu’il « peine à masquer », d’accord, mais il veut masquer quoi?
J’entends du paternalisme.
Des notions de morale sont énoncées.
Le grand mot d’Angela Merkel est brandi, le « travail ». (Ailleurs dans de nombreuses interviews, il parle de « jeu », comme Donald Tusk et d’autres.) « Ayant beaucoup travaillé », Juncker dit se sentir « trahi ».
Il le dit.
Il énonçait il y a quelques semaines qu’ « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » Il l’a dit. Et ça n’est pas près de quitter sa biographie. Une des phrases qui précédaient cet aveu historique, c’était: « Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités. »
Ici, en son for intérieur, il fait de son mieux pour « communiquer » un texte soigneusement revu par ses assistants aux dents longues et aux lourds diplômes.
Mais là n’est pas le problème.
Le problème, c’est que ce type est au service de l’Allemagne de Merkel et des banques de partout, et que comme premier ministre il a organisé une évasion fiscale au détriment des pays voisins, au profit de son grand-duché natal et des multinationales impériales. Les gouvernants des pays spoliés, dont le mien, ne lui en veulent pas, et laissent courir.
Je n’appellerais pas ça une union européenne.
Lui, et eux, si. Lire la suite