Bonjour !
Les fleurs vénéneuses du socialisme de gouvernement à la française …continuent d’embaumer, et d’animer les amateurs de parfums plus délicats.
1.
Pour le philosophe italien Giorgio Agamben, l’état d’urgence n’est pas une protection de la démocratie, mais au contraire accompagne en général les dictatures.
Il a longuement étudié le nazisme et le fascisme italien, et vient de consacrer un livre à la Stasi, la police politique de l’Allemagne de l’Est.
Son article « De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité », dans Le Monde, a fait du bruit, et je le joins en PDF.
Agamben dit que le peuple, prétendument seule source de légitimité jusqu’à présent, devient, dans la logique de ce qu’il faut reconnaître comme une progression vers l’État de sécurité, un sujet dépolitisé qui n’existe plus que dans les sondages et dans les rares consultations électorales. Au bout de ce chemin, le peuple ne peut plus être politique que dans une revendication identitaire du « nous » opposé à l’étranger et à l’ennemi.
Agamben ajoute que la mise entre parenthèses du pouvoir judiciaire tend à abandonner les voies de vérité et de preuve ordinaires au profit d’une incertitude du soupçon, qui pèse autant sur les citoyens (Qui est coupable et de quoi ?) que sur la menace elle-même, laquelle devient une source invérifiable du pouvoir des exécutifs.
Car dans cette configuration comme dans toute autre, les pouvoirs ont intérêt à cultiver le montage qui leur assure une place. Et ils ne s’en privent pas!
Vous aurez remarqué comme moi que François Hollande, discrédité par son absence totale d’alternance et allant à la bérézina et à la ‘pasokisation’ de son parti, se refaisait précocement une santé sondagière par des postures militaristes à l’étranger, qui lui vont comme un gant de crin à un pingouin. Aujourd’hui, il poursuit dans cette ligne en surfant sur la vague terroriste. C’est la seule possibilité de survivre politiquement que se sont trouvée les élites de ce parti.
L’avenir est radieux.
Bientôt, nous éviterons les voyages en France comme nous les avons évités en Espagne du temps de Franco. Certains de mes amis évitent déjà la Provence.
2.
Ces fleurs vénéneuses, le maire d’extrême-droite de Béziers, Robert Ménard, champion de l’enfumage et des faux semblants, est ravi de les respirer.
Voici ce qu’il a « tweeté » le 23 décembre:
3.
Manuel Valls déclare au JDD : « Une partie de la gauche s’égare au nom de grandes valeurs » .
Mais où va-t-il chercher ses certitudes? C’est hallucinant.
Hallucinant en première réaction, car éthiquement incompréhensible pour les naïfs et les braves gens, le Manuel de Matignon est, au vrai, conceptuellement très simple et simplet. C’est la logique des « pompeux cornichons » qui veulent le pouvoir. Lisez donc, si vous l’avez zappé, Agamben au point 1. Pour la cornichonnerie pompeuse, qui est un label belge offert à la terre entière, voyez votre moteur de recherches.
Bref, La Parisienne libérée chante « Enfin débarrassés du socialisme » . (Voir point 5.)
4.
Le Français Mourad Benchellali est décrit par la journaliste comme « militant anti-radicalisation ».
Cet ancien combattant en Afghanistan, ex-détenu à Guantanamo, vit aujourd’hui, pacifié et engagé, dans son quartier d’origine près de Lyon, Les Minguettes à Venissieux.
Il a été l’invité d’Alexandra Bensaid sur France-Inter, pour aborder la question de la constitutionnalisation de l’état d’urgence et la déchéance de la nationalité.
Etat d’urgence, radicalisation des jeunes… par franceinter
6 minutes 58
…Il me semble que si la république française n’est pas capable d’entendre ce genre de voix-là, elle s’autodétruira, comme le susurre, encore elle, La Parisienne libérée. (Ci-dessous.)
Pour le moment, je suppose, et j’espère, que Benchellali trouve une manière ou l’autre de vivre sur un budget de la jeunesse, de la culture ou de l’éducation populaire, ce qui est ou serait très bien. À préserver!
5.
La Parisienne libérée et ses vidéos, c’est tout un monde décalé et percutant de « Rythm and News » et de chansons politiques, depuis quelques années déjà.
Son JT a été initié et se poursuit avec le soutien de Mediapart. Ici son édition spéciale, « Etat d’urgence »:
Entre autres perles: « Le terrorisme ne détruira pas la république, car c’est la république qui s’auto-détruira », et « L’homme providentiel assigné à présidence » .
Chaque mot compte, avec La Parisienne libérée. Elle me rappelle Woody Guthrie qui écrivait sur ses guitares: This Machine Kills Fascists (« Cette machine tue des fascistes »)
Une phrase violente, certes, mais en paroles et en musique ! On a vu pire, comme violence.
6.
Pierre Rosanvallon :
Est-ce une immigration mal maîtrisée qui a contribué à déstabiliser le fragile pacte républicain ?
En France, on continue à parler d’immigrés à propos de personnes qui sont intégrées depuis deux ou trois générations. On ne dirait pourtant jamais de Nicolas Sarkozy qu’il est immigré parce que son père est issu de la petite noblesse hongroise. Ni de Manuel Valls dont le père était un peintre catalan.
(…)
Car si l’Algérie n’est pas devenue française ce n’est pas simplement du fait de la révolte des Algériens, mais aussi parce que les autorités rêvaient et mentaient. Elles parlaient d’universalisme mais refusaient l’égalisation des niveaux de vie. Il y a donc eu une désoccidentalisation de ces populations à la mesure des déceptions et des échecs qui se sont répétés sur le terrain de l’intégration.
« Une communauté d’effroi ne doit pas conduire à l’illusion de l’unité » Paru dans Le Monde** du 11 février 2015, et republié actuellement.
7.
** Mon observation se confirme, que le journal Le Monde, qui s’est notablement droitisé en matières économique et sociale ces dernières années, est monté au créneau d’une certaine veille démocrate dans notre affaire.
J’ai vu, en revanche, un titre de presse selon lequel Valls et Hollande feraient un malheur parmi les lecteurs du Figaro. Quelqu’un a-t-il des observations?
8.
On arrive à la fin. Désolé (c’est pas vrai) pour la longueur !
…Et bonne journée !
Guy
9. Post-scriptum de saison, pour le repos de l’esprit
J’aime les raisins glacés parce qu’ils n’ont pas de goût,
les hommes riches parce qu’ils n’ont pas de cœur
et les camélias parce qu’ils n’ont pas de parfum.Marguerite Gautier, dans La Dame aux camélias, d’Alexandre Dumas fils
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Crédit bibliographique : Maxime alias Jean-Marie Lamy.