Indispensable rezo.net – brève revue de presse

rezo.net
Bonjour !
Je parcours chaque jour les titres de cet indispensable portail, rezo.net, qui contient aussi une revue de la  presse Internet en anglais. Un monument!
Voici à titre d’exemple mon bouquet des trois dernières semaines, qui doit représenter à peu près un cinquième des sources mentionnées. Je lis inégalement ces articles: un peu, beaucoup, passionnément. Parfois, le titre seul suffit à m’informer. Chacun peut y faire son marché.
Sur le site lui-même, le curseur placé sur une référence ouvre un bref résumé du texte.
Bonne découverte, si ce n’est déjà fait!
Guy

jeudi 11 février
Jean Ziegler : « La tragédie des réfugiés doit provoquer un sursaut mondial » (L’Humanité)
mardi 9 février
L’euroscepticisme des Grecs (greek crisis)
lundi 8 février Lire la suite

« La famille royale en visite à Pairi Daiza » (lalibre.be): ON S’EN FOUT !

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Ben oui !

Une monarchie, l’ « archie » d’un seul, et héréditaire en plus… Au secours les neurones!

En démocratie, ça n’existe pas !

La Libre, appellation auto-proclamée, est un journal de droite et monarchiste, démocrate et libéré quand rien ne se passe, mais de droite et monarchiste dès que la contestation monte.

Le Soir est son rival socialiste-de-droite, comme sont les socialistes aujourd’hui.

En période normale ou dormante, Le Soir refuse les chroniques « trop » à gauche ou trop libertaires, que La Libre alors se fait un plaisir de publier. Le manifeste d’Une autre gauche a été publié par La Libre, Jean Bricmont, que je salue, est publié par La Libre, mon articulet contre Nicolas Hulot quand il a prétendu faire de la politique, a été publié par La Libre et négligé par Le Soir, et tant d’autres.

Mais quand la conflictualité s’éveille, La Libre redevient un média de la droite rabique.

Il va sans dire que critiquer La Libre n’est pas louer Le Soir. Le Soir a des éditorialistes d’une droite affligeante, que je ne veux même pas nommer. Et je ne parle pas de son éditorialiste en chef, qui n’est pas la pire.
La droite qui s’appelle socialiste a quelque chose de pire que la droite historique, puisqu’elle se travestit, et qu’elle a trahi.

Daniel Mermet veut relancer « Là-bas si j’y suis » sur Internet en janvier 2015

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Dessin de Daniel Mermet

Bonjour!

Si vous ne connaissez pas Daniel Mermet, vous avez bien de la chance, parce que vous allez avoir bien du plaisir et d’intérêt à le découvrir.
Et si vous le connaissez, vous serez heureux d’apprendre qu’il ne va pas disparaître du monde de l’information.

Je dis « Daniel Mermet », mais je parle bien sûr de son émission quotidienne sur France-Inter, « Là-bas si j’y suis ».

Je l’ai découverte il y a quelques années, quand elle passait de 17 à 18 heures, moment où je cuisinais pour ma petite famille, vu que moi, j’aime écouter la radio en cuisinant. Le jour où elle m’est tombée dessus, je ne l’ai plus quittée. Car Daniel Mermet parle aussi bien d’amour que de politique, de riches que de pauvres, de la subjectivité que de la grande Histoire, et son sens rigolard de la solidarité, de l’humanité, ne cesse de ruisseler sur ses reportages, aussi cruelle et révoltante que soit parfois leur matière.

Une fois par mois, il accueille l’équipe du Monde Diplomatique, et presque chaque jour le répondeur de son émission figure comme invité des premières minutes, et quelquefois pour toute l’émission. Ah, le répondeur de « Là-bas si j’y suis »! C’est toute une France d’en bas et des luttes qui s’exprime, une France qu’on entend presque nulle part sur les ondes.

C’est une émission-brûlot incroyable, qui n’existe pas en Belgique et peut-être dans aucun autre pays européen. Et sur une chaîne publique! N’est-ce pas merveilleux? Lire la suite

« Israël ne veut pas la paix, et n’a jamais voulu la paix » (Gideon Levy)

Logements en construction à Ma'aleh Adumim, une colonie israélienne en Cisjordanie, 16 décembre 2009 Photo Bloomberg
Logements en construction à Ma’aleh Adumim, une colonie israélienne en Cisjordanie, 16 décembre 2009 – Photo Bloomberg

Bonjour!

Voici, pêle-mêle et dans le désordre, une gerbe d’énervements.
Je n’ai pas réussi à me limiter à ce qui donne son titre à ce billet. Gideon Levy, c’est tout à la fin.

*

La question palestinienne est le lieu de toute une série d’idées fausses, spontanées ou cultivées, colportées par la propagande de nos régimes. C’est un des grands sujets qui illustrent ce fait que la propagande d’État est gigantesque dans les démocraties réelles occidentales, qu’aucun régime n’échappe à la propagande, que bien pauvre est l’art journalistique en ces pays, et peu éclairée l’opinion commune. Aussi le regretté Stéphane Hessel y consacrait-il deux pages sur les 18 de son Indignez-vous! – ce qui n’a pas manqué de motiver nombre de critiques qui s’avancèrent masqués.
En 2006 déjà, pendant la guerre du Liban, Bernard Langlois donnait dans la revue Politis un résumé ironique de la grille de lecture, par nos médias, des événements du Proche-Orient. Les termes-clé de représailles, terrorisme, communauté internationale, antisémite, sont précisés, et les mots interdits aussi. Rien n’a changé sur le fond.
Voyez comme ces deux lascars font avancer la lumière: « Après la manifestation pro-Gaza, Hollande et Valls se dressent contre l’antisémitisme » . Pan! À l’essentiel !

…Israël va me rendre fou.
C’est peut-être déjà fait, mais j’espère qu’écrire cette lettre va ramener la température de mes neurones à un seuil compatible avec la santé mentale.
Certes, je suis optimiste. C’est plus fort que moi.
L’optimisme est une loi de l’espèce.

*

La presse nous dit que dans l’intervention militaire en cours à Gaza, il y a quatre-vingt pour-cent de victimes civiles. Vrai ou faux? Tant que ça? Ou si peu que ça?
Quoi qu’il en soit, la com de l’armée israélienne laisse pantois.

La com, comme ils disent entre eux, c’est la « communication ». Dans le monde entier on me communique, du monde entier on me communique.
Et moi, je cherche le bouton Répondre, et je ne le trouve pas. Ce qui montre bien la supériorité des esprits de la communication. Eux ils savent communiquer, moi pas.

L’armée israélienne, donc, communique.
D’ailleurs, on dit Tsahal. Lire la suite

Pourquoi je ne voterai pas PTB

voter contre le bolchevisme

D’abord, est-ce que j’irai voter ?
C’est une vraie question. Souvent, je ne votais pas. Intuitivement, je ne le sentais pas. Et factuellement, voici juste un exemple. Chaque année pendant une décennie, à New York aux Nations-Unies, un type a voté en mon nom et contre l’Irak de Saddam Hussein, un embargo sur les médicaments qui tuait des milliers d’enfants saison après saison, sans rien retirer aux soins dont pouvaient bénéficier Saddam et sa clique. Le type qui votait en mon nom à New York le savait, bien sûr, et, de façon tout aussi banale, on ne m’a jamais demandé mon avis.
Le 25 mai, je ne voterai pas pour que PTB-go me représente. Je voterai pour dire toutes mes réserves sur la représentation telle qu’elle fonctionne. Et le dire autrement qu’en restant chez moi, parce que je commence à avoir des fourmis dans les jambes avec tous ces élus qui agissent sans mandat.

Il y a en Belgique comme dans toute l’Europe, de plus en plus de gens qui vivent mal et qui redoutent le lendemain ou la fin du mois. Et parmi eux, alors que dans leur entourage proche, dans leur famille ou parmi leurs collègues quand ils en ont encore, certains choisissent l’extrême-droite, malgré cela un nombre croissant de ceux qui paient cash l’injustice, voteront pour un parti à la gauche de l’éventail électoral. Chapeau !
Le 25 mai, je ne voterai pas PTB-go. Je voterai avec ces gens-là.

Les élections, c’est comme le football. Lire la suite

Les loups de la spéculation annoncent le krach post-2008

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D’après bilderberg.org

 

 

Bonjour!

Je n’ai plus rien écrit ici depuis le 31 décembre.

Mes courriers non sollicités étant les seules nouvelles de moi que reçoivent certains de mes destinataires, à partir de deux mois de silence sur ce canal, d’aucuns (d’aucuns… génie des langues humaines!) me demandent si je suis toujours là, et dans quel état. Première raison de donner signe de survie.

Pourtant, j’aurais pu sortir plus tôt de ce relatif silence. On ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé encore, en 2013, en événements propres à faire parler. Mais y a-t-il du neuf ou du surprenant?

La décomposition de la royauté belge, par exemple, nous met en verve, mais elle n’a pas besoin d’aide. L’affaire est entre de bonnes mains, au plus haut niveau. Lire la suite

Notre-Dame des Landes, un Larzac pour le gouvernement socialiste français ?

Photos Libération, Article11, Rue89, Nouvel Obs

Bonjour!

Cela fait quelque temps que couve ce dossier, qui n’a rien d’un être de papier.

Il s’agit d’un projet de construction d’un nouvel aéroport régional en zone humide, sur les terres agricoles de Notre-Dame-des-Landes, pas loin de Nantes dont l’ancien maire et député socialiste, Jean-Marc Ayrault, l’actuel premier ministre de François Hollande, se fait le promoteur intransigeant. Avec à la clef des expropriations qui déracineront un certain nombre de ruraux, et des atteintes à l’environnement qui n’ont rien de joli.
Et last but not least, avec l’inénarrable Manuel Valls aux commandes de la police nationale, dont j’ai déjà ici annoncé qu’il nous ferait rire jaune. Lire la suite

La vidéo de Jorion de cette semaine ( + 1 bonus: La finance, c’est le déni )

(hometips.com)

Bonjour !

En vitesse.

Paul Jorion est de plus en plus souriant.
Je crois que sa cohérence ne rencontre plus beaucoup de vraies surprises depuis quelque temps.
Un de ses entretiens récents est d’ailleurs titré: « Il y a toujours une alternative. » (Allô, les distraits, ça vous rappelle quelque chose? Le célèbre TINA, « There is no alternative » ? De…, de… Voilà, vous y êtes !)

Il faut vraiment regarder sa vidéo d’aujourd’hui:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=38569

Bonne journée !

Guy
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Bonus:

La finance, c’est le déni

Voici une liste dressée par un certain Alex Banbury :

« Spain is not Greece » – Elena Salgado, Spanish Finance minister, February 2010.
« Portugal is not Greece » – The Economist, April 2010.
« Greece is not Ireland » – George Papaconstantinou, Greek Finance minister, November 2010.
« Spain is neither Ireland nor Portugal » – Elena Salgado, Spanish Finance minister, November 2010.
« Ireland is not in ‘Greek Territory’ » – Irish Finance Minister Brian Lenihan. November 2010.
« Neither Spain nor Portugal is Ireland » – Angel Gurria, Secretary-general OECD, November 2010.
« Italy is not Spain » – Ed Parker, Fitch MD, June 12, 2012.
« Spain is not Uganda » – Spanish PM Mariano Rajoy, June 2012.
« Uganda does not want to be Spain » – Ugandan foreign minister, June 13, 2012.

http://www.telegraph.co.uk/finance/debt-crisis-live/9336591/Greek-election-debt-crisis-and-G20-Summit-Live.html

Une Allemagne s’il-vous-plaît, et sans modèle

 

 

François Mauriac, dont la rumeur disait qu’il n’aimait pas l’Allemagne, s’en défendait perfidement en affirmant, peu après la seconde guerre mondiale : « Mais si, j’aime l’Allemagne ! La preuve, c’est que je suis très heureux qu’il y en ait deux ! »

 

ENVOI

Disons une chose brutalement : le « modèle allemand » est celui d’un pays où la droite chrétienne est au pouvoir, et où malheureusement les pires réformes du marché du travail d’Europe, les lois Hartz, ont été le fait des sociaux-démocrates, qui sont ainsi un des partis de droite les plus cohérents d’Europe, avec le parti travailliste de Tony Blair. Le monde est devenu fou, je l’ai entendu hier dans la bouche d’un policier.

En soi, la notion de modèle est un argument à la logique douteuse, pour tout dire c’est une  notion logiquement intransposable, le modèle disparaissant quand il devient la norme.
Il n’y a ici, pas de souci désincarné ou désintéressé du progrès de l’espèce ou de la civilisation. En général, dans le tintamarre médiatique, la notion de modèle est une machine à faire suer la bête humaine.

Il y a donc d’emblée un problème sémantique. Modèle est inapproprié ! C’est le mot « régime » qui peuple la presse.
Puisqu’il y a « régime chinois », « régime russe » et « régime tchadien », pourquoi se priver de « régime allemand » ou de « régime français » ? Il y a même un régime belge.

Quelles seraient les vertus du régime allemand ?

L’Allemagne est riche et prospère.
L’Allemagne est nombreuse, avec des  riches très riches et des pauvres muets.
Ses voitures font rêver les acheteurs de voitures autant que les voleurs. Les mafieux du monde entier et les ministres de tous les pays qui ne produisent pas d’automobiles, roulent dans de coûteuses voitures allemandes.
Ses machines sont sur tous les chantiers et dans toutes les usines de la terre.

L’Allemagne est un pays propre et organisé, la paix sociale y règne. On n’y voit pas les jeunes manifester, on est loin du spectacle de la rue française ou canadienne. L’Allemagne est un pays où la jeunesse n’a pas d’histoire et ne fait pas d’histoires.

Il y a peu de grèves allemandes, en tout cas dans les médias. Les syndicats allemands ont un taux d’affiliation formidable, ils sont riches, possèdent des journaux, des bureaux juridiques et d’études, des radios, des agences de voyage et des banques.

Il n’est pas jusqu’au climat et aux tremblements de terre qui ne soient discrets en Allemagne.

L’Allemagne est la patrie de Karl Marx, né à Trèves, ville autour de laquelle la campagne est d’une propreté telle, aujourd’hui encore, qu’elle enseigne au voyageur de passage l’humanité profonde du désir de, excusez-moi, je cite un routard : l’envie de foutre la merde.

L’Allemagne a un grand passé. Elle a eu des grands savants, des grands philosophes et des grands musiciens, et quelques grands écrivains, dont pas un seul comique.

La gastronomie allemande est inexistante. Cependant, il y a une vraie culture de la vigne et  du vin en Allemagne, et des grands crus. Dans les bistrots spécialisés où on le boit debout, le café allemand répand un parfum à nul autre pareil.
La bière pils, inventée en Bohême, nom de la Tchéquie quand elle était allemande, ainsi que le cochon, qui représente l’absolu alimentaire de la chrétienté, n’ont pas de secrets pour les Allemands. La saucisse de Francfort peut s’appeler viennoise à Frankfurt am Main, et la meilleure francfort à mon goût est servie avec un petit pain et une moutarde, pas terrible, comme toujours, sur une assiette en carton, mais non verni, de sorte que son goût, oui, le goût du carton, contribue au résultat final.

L’Allemagne est peuplée de frères et sœurs humains, dont quelques allochtones et des Turcs, ces derniers faisant exploser de mille étoiles le cinéma et la littérature allemands. Les Rhénans ont un patois accumulant les racines latines dont on se moque à Hambourg ou Munich. Les Allemands sont honnêtes et joviaux, en tout cas les catholiques – les Allemands protestants sont nombreux aussi.

Dans toute l’Allemagne, les gens instruits adorent placer « à propos » en français dans leur conversation, mais seuls les habitants d’Aix-la-Chapelle, et ils en sont fiers, disent « merci » en français dans leur langue.

Les Allemandes, souvent grandes, sont souvent blondes.

Il y a plein d’autres choses à dire sur l’Allemagne.
En un mot comme en cent, l’Allemagne est formidable.
J’aime l’Allemagne, et d’ailleurs – ou parce que – j’y suis né, non, pas né, quasi né – ce qui est une autre histoire.

 *

 Retour au réel, nous sommes le 30 mai 2012.

Angela Merkel n’est pas l’Allemagne.

Angela Merkel est, provisoirement, la chancelière de droite de la République Fédérale Allemande.

 *

Haro sur le modèle allemand !

Premièrement, un « modèle » national est par essence inexportable, même pour une nation championne du commerce international comme l’Allemagne, car un régime socio-économique, de quelque pays qu’il soit, est largement tributaire de déterminations historiques et géostratégiques elles-mêmes intransposables.
La discipline des travailleurs pauvres et précaires en Allemagne, qui représentent un emploi sur trois, la discipline des salariés allemands en général, la discipline des chômeurs allemands relevant de l’assurance-chômage, et la discipline des chômeurs allemands virés de l’assurance-chômage, cette inexorable discipline allemande est inexportable en France et dans quelques autres pays, et c’est très bien ainsi.

Ensuite, il ne nous a pas échappé que dans l’Europe des marchands, comme dans le monde libéral en général, on ne tire argument du « modèle » des pays concurrents ou partenaires que dans le sens du moins-disant social, jamais dans l’autre sens.
C’est un processus qui, en soi, n’a pas de fin, mettant en péril toute notion de contrat social ou de démocratie, on le voit un peu partout, et jusqu’à l’absurde et à la cruauté dans l’exemple grec. C’est un processus qui n’aura de fin qu’imposée de l’extérieur, par un gouvernement réformateur lui-même en général poussé dans le dos par un mouvement social.
S’agissant du marché du travail, son « autorégulation », maître mot de la propagande et obsession des maîtres de la propagande, est une telle impossibilité ontologique, qu’aucun idéologue n’a encore osé s’en prévaloir (un peu de patience, ils oseront tout jusqu’au suicide.) Il n’empêche que sur ce marché comme sur les autres, l’idéal libéral reste bien sûr la dérégulation débridée ou « décomplexée ». En Allemagne, la réforme du marché du travail opérée par les sociaux‑démocrates avec l’appui de la droite chrétienne, principalement les lois Hartz, a pour argument officiel de « renforcer la lutte contre le chômage volontaire et améliorer le retour en activité des bénéficiaires d’allocations ». Car plus il y a crise, plus est grand le nombre de gens souhaitant chômer volontairement, n’est-ce pas? Moins il y a d’argent et de travail, plus les pauvres veulent chômer. C’est connu, et cela va de soi. Les salariés allemands ont donc accepté quatre heures de travail hebdomadaire supplémentaire sans augmentation de salaire, et des réductions drastiques des allocations de chômage, tant dans la durée que dans leurs montants. Ce rêve libéral, devenu réalité dans la nation où est né le romantisme, ferait exploser la scène sociale de la plupart des pays indisciplinés civilisés. Encore ici, de l’inexportable, rien que de l’inexportable.

Troisièmement, comme le concevait Keynes, l’excédent extérieur structurel est un dysfonctionnement, tout autant que le déficit chronique, et le grand économiste britannique proposait de le sanctionner. Dans une Union européenne qui réalise 60 pour cent de  l’excédent commercial allemand, la position exportatrice de l’un postule les importations des autres. Encore une fois, le recours à l’impératif vertueux allemand a pour principal objectif d’imposer aux classes travailleuses des restrictions acceptées là-bas, pas de produire un renversement inatteignable du rapport commercial. Les grands patrons allemands qui s’expriment dans la presse à propos des pays du sud de l’Europe, utilisent d’ailleurs le mot « discipline » et ne parlent pas de « vertu ». On se doute que ce n’est pas à leurs pairs étrangers, mais aux peuples, qu’ils demandent ce supplément de retenue…
L’aspect dysfonctionnel de l’excédent commercial allemand s’observe aussi par ses effets financiers: « en contrepartie des excédents commerciaux et de la faible croissance allemande, des flux de capitaux importants sont allés nourrir l’endettement excessif en Grèce, en Espagne ou en Irlande. » (Arnaud Lechevalier)

 

Bon. J’abrège et je résume, je condense en huit lignes des liens à quatre-vingts pages, j’en oublie quarante, je multiplie par zéro virgule trente-huit, j’oublie de citer mes sources et je reporte trois :
À la modération salariale (voilà une expression modérée! un euphémisme, quoi), qui facilite l’excédent commercial extérieur (d’accord? on vend plus à l’étranger si les salaires nationaux sont bas), s’ajoutent comme autres caractéristiques du régime allemand l’atonie du marché intérieur, qui en résulte (vous suivez? salaires bas égale peu de consommation), et, ce qui y contribue (à l’excédent), un
large délocalisation dans les pays d’Europe centrale (où les salaires sont un tiers des salaires belges: les entreprises allemandes concurrencent celles de l’UE, sur les marchés internationaux, avec des salaires slovaques, polonais et autres.) Merveilleux ! (Pour qui, l’excédent? Pour les poches de qui, et pour faire la morale à qui?)

Tels sont les traits au nom desquels le gouvernement et le patronat allemands, ainsi que des élites diverses dans divers pays, donnent des leçons de conduite en Union Européenne. Il est  difficile de voir dans ces caractéristiques autre chose qu’un concours de circonstances historiques, où la notion de projet conscient et construit a peu de place.
Mais comme d’habitude en capitalisme, les haut-parleurs de la parole conforme nous assènent que le plus prospère est aussi le plus intelligent, le plus sage, le plus méritant.
Un « modèle ».

Quelques nouvelles de la « règle [du veau] d’or »

Illustrations: Le blog d’ Eva, R-sistons à la crise, L’arène nue – Le blog de Coralie Delaume, Contrepoints.org


 Bonjour, bonsoir, ou bonne nuit !

1.
Ce matin à Matin-Première, de la RTBF, Pierre Larrouturou a fait sauter la langue de bois ordinaire de la radio publique nationale belge francophone, entre 7h30 et 8h50. (À 5h25, le parlement votait, les doigts sur la couture du pantalon, une réforme de quarante années de régime des pensions, montée comme une sauce en quelques jours. Il n’est pas impossible que ceci ait favorisé cela pour le choix de l’invité du jour.)
À ce qu’il dit, la moitié de son dernier livre, « Pour éviter le krach ultime », est consacré aux solutions.
Je le trouve très calme, très précis, très convaincant.
Le fait majeur, totalement inaudible à droite et chez la plupart des sociaux démocrates, c’est que la pression sur les pensions qu’ils nous arrachent, représente 1% du PIB, alors que depuis trente ans, ce sont DIX % du PIB, qui allaient à la part des revenus du travail, qui vont maintenant aux revenus de la propriété. La part des salaires au sens large est passée de 67 à 57 % du PIB. C’est, en trois lignes, la lame de fond qui a rendu nécessaire l’endettement privé, et inévitable l’endettement public, ce dernier copieusement renouvelé pour le sauvetage des banques en 2008.

Podcast:
http://www.rtbf.be/radio/player/lapremiere?id=1506413&e=

(L’aveuglement des gouvernants actuels, y compris de ceux qui n’ont pas encore été remplacés, prime à l’incompétence ou vérité ultime de la démocratie représentative, par des ex-tenanciers de Goldman Sachs ou Lehman Brothers, est incroyable. Elio Di Rupo va prendre une sacrée place dans l’histoire!
Je me demande si c’est réellement une incapacité de penser la crise qui les afflige, ou si c’est carrément la protection de la finance qui les anime. Le tout appuyé par une passion d’agir et de « réussir » d’abord, et de s’arranger avec la pensée ensuite, ou plutôt d’arranger la pensée ensuite.
« Je n’ai qu’une vie, et je la réussis. »)

2.

Joseph E. Stiglitz, prix Nobel, dont le dernier livre est titré, en français, Le triomphe de la cupidité (« Chute libre » en anglais – Freefall: Free Markets and the Sinking of the Global Economy), peut être lu en textes courts et dans notre langue sur le site projetct.syndicate.org:  http://www.project-syndicate.org/syndication/joseph-e–stiglitz.
Après quelques jours, une semaine parfois, le drapeau britannique en haut à droite de la page donne les différentes langues en lesquelles existe une traduction – pas toujours très bonne -, mais saluons l’offre polyglotte de project-syndicate.

3.

La chronique économique de Paul Krugman, autre prix Nobel d’économie étasunien un peu revenu du « fondamentalisme des marchés » (Stiglitz) est en français sur le site de la RTBF: http://www.rtbf.be/info/chroniques/archive_paul-krugman?chroniqueurId=5032403

4.
Un vent d’espoir se lève!

par Paul Jorion

MADRID, 21 décembre 2011 (AFP) – Luis de Guindos, ancien président de la banque Lehman Brothers pour l’Espagne et le Portugal, a été nommé mercredi ministre espagnol de l’Economie.

Rejoignant MM. Monti, nouveau Premier Ministre italien, ancien conseiller de Goldman Sachs, et Draghi, Président de la Banque Centrale Européenne, ancien directeur en exercice de Goldman Sachs International, M. de Guindos confirme brillamment la nouvelle « Règle d’or » en matière de politique : le principe souverain de la « prime à l’incompétence ».

Nul doute que le projet d’une Constitution pour l’économie, réclamé à cor et à cri par l’opinion publique internationale, sera confié incessamment à M. Bernard Madoff.

http://www.pauljorion.com/blog/?p=32179

5.
…Sans oublier Frédéric LORDON, économiste et ingénieur, directeur de recherches, dont les esprits littéraires apprécieront son histoire de la crise en alexandrins, D’un retournement l’autre. Comédie sérieuse sur la crise financière, en quatre actes, et en alexandrins (Le Seuil.) Ni Jacques SAPIR, Emmanuel Todd, Les économistes atterrés et leur Manifeste (cadeau de fin d’année), Daniel Mermet et son émission quotidienne sur France-Inter, son répondeur et son réseau de bistrots, Les repaires de Là-bas si j’y suis,… de plus en plus de beau monde !

 

Joyeux Noël !