Le bel avenir promis à l’eurozone et à l’UE

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Comme le disait déjà La Boétie****, ils sont en réalité tout petits! – Wergosum, d’après une photo Reuters dans latribune.fr

Bonjour!

Romaric Godin nous a livré une fois de plus un excellent article sur le site latribune.fr, sous le titre « Grèce : y a-t-il un vrai désaccord entre Paris et Berlin ?  »

On se doute que la réponse est « non ». Romaric nous explique comment Merkel aurait lâché la bride à Schäuble pour faire peur au gouvernement Tsipras, tétanisé à l’idée de quitter la zone euro. Car si le « grexit » est de longue date la préférence du bundes-ministre des finances, les aléas de l’aventure font reculer les plus prudents, dont la chancelière.

Pour rappel, à partir du moment où Tsipras, abusé, a cru que l’eurozone était prête à l’exclure des bénéfices du fétiche monétaire unioniste, à partir de ce moment, il était cuit. Il a tout accepté pour rester dans l’euro, et Angela n’avait plus qu’à faire son business as usual, faire accepter au Bundesrat l’accord imposé à Tsipras.

La chancelière aurait joué Schäuble dans sa stratégie personnelle contre la Grèce. Romaric Godin montre qu’aussi acharnés soient certains gouvernements (Finlande, Slovaquie, pays baltes) sur la ligne Schäuble, c’est l’Allemagne qu’ils suivent et si Angela Merkel impose un aménagement, personne ne proteste parmi ces héros.

Cependant la France est sortie du bois tout à la fin, au moment de la défaite de Tsipras, tentant de faire valoir qu’elle aurait une position indépendante de Berlin, voire même conflictuelle, et que ce serait la France qui aurait empêché Schäuble et sa bande d’exclure la Grèce de l’euro – alors que c’est Angela qui a fait ça. La France de Hollande-BNP-Paribas n’a en réalité pas cessé de laisser les coudées franches à Deutschland GmbH*, dans la crise grecque, et depuis plus longtemps même, et en retour la chancelière laisse Hollande et son ministre des finances Sapin faire leur numéro devant les micros. Je vous renvoie à l’article pour les détails, très instructifs, et pour la vue d’ensemble, très convaincante.

*

La comédie en place permet à Hollande de prétendre « équilibrer » le rapport avec l’Allemagne, voire de s’y opposer. Lire la suite

Frédéric Lordon après l’accord arraché à Tsipras: « Lexit ! »

( Photo Martin Leissl / Bloomberg )
( Photo Martin Leissl / Bloomberg )

Bonjour!

Frédéric Lordon vient de s’exprimer dans son blog, pour la première fois depuis l’accord arraché à Alexis Tsipras.

En préambule, une première lecture me paraît cependant parfaitement à propos et, même, indispensable.

Matt O’Brien, dans son blog hébergé par le Washington Post, nous dit, sous le titre « The euro is a disaster even for the countries that do everything right » , comment deux pays gouvernés par des intégristes de l’Euroland, la Finlande et les Pays-Bas, ont réussi à se retrouver en 2014 avec un PIB inférieur de 5,1 et 0,3% à celui de 2007, avant l’effondrement financier de 2008.
Sur la même période, l’Islande (dont j’ai déjà parlé ici), qui a connu une dépréciation monétaire allant jusqu’à 60 pour-cent, des mesures d’austérité draconiennes, doubles des néerlandaises et de douze fois celles de la Finlande, se retrouve avec un PIB supérieur de 1,14 point à 2007. La raison de ces différences? Appartenir ou pas à la zone euro. L’article est en anglais (merci de me signaler une traduction française), court et clair:
http://www.washingtonpost.com/blogs/wonkblog/wp/2015/07/17/the-euro-is-a-disaster-even-for-the-countries-that-do-everything-right/?tid=sm_tw

Venons-en maintenant à la prose annoncée: « La gauche et l’euro : liquider, reconstruire ».

Je fais un résumé par extraits qui me paraissent significatifs ou plaisants.

Les citations qui suivent sont dans l’ordre où elles apparaissent dans l’article. Si l’une ou l’autre fait problème pour le lecteur, ou l’intéresse particulièrement, il lui suffira d’aller au texte de Frédéric, où elle est déployée et mise en contexte. Idem pour la lectrice.

…Attachez-vous!

questionner le rapport de la société allemande à la chose monétaire n’est pas plus germanophobe que questionner le rapport de la société américaine aux armes à feu n’est américanophobe

 On reconnaît l’indigence d’une pensée à son incapacité à traiter aucun problème autrement que dans des coordonnées morales.

 formulations néo-éclairées d’une naïveté touchante : l’Allemagne est « le nouveau problème de l’Europe », écrit ainsi François Bonnet [Mediapart]. Le nouveau problème… C’est juste le problème constitutionnel de la monnaie unique, et il est consigné depuis 1991 dans le texte des traités.

 Tous les pays vivent avec les obsessions de leur roman national, c’est bien leur droit, en tout cas à court et même moyen terme il n’y a rien à y faire.   

 il faut redire que l’Allemagne dans cette affaire n’a jamais poursuivi de projet positif de domination, et que ses comportements n’ont jamais été gouvernés que par la peur panique de souffrir, dans le partage communautaire, l’altération de principes qui lui sont plus chers que tout Lire la suite

Tafta-Ttip, petit rappel en trois minutes pour une bonne semaine

 

Bonjour!

J’ai déjà parlé ici et du projet de Traité transatlantique, qui comme le serpent des mers porte toutes sortes de noms, mais dont, à la différence de ce dernier, on connaît et l’ADN et la date de naissance présumée. L’adn aussi, acte de naissance, est déjà écrit.

Voyez ci-dessus un petit rappel qui ne manque pas de rythme.
Il est dû à l’équipe de datagueule, une série de micro-« web émissions » produite par France 4, dont le premier numéro date de juin 2014.

 

Bonne semaine !

 

Guy

 

Notes Lire la suite

Grèce, les 3 premières mesures de Syriza

VAROUFAKIS-le-minotaure-planetaire
Éditions du Cercle, décembre 2014

Bonjour!

La politique à contrecœur, c’est ainsi que cela devrait être.

En « vraie » démocratie, la politique ne serait pas un métier, mais un devoir, et se porter à tout prix candidat d’élection en élection serait un motif d’être écarté.

Voici un entretien vidéo en anglais (5:14), avec sa transcription en français,
de l’économiste Yanis Varoufakis, donné comme futur ministre des finances de Syriza:
http://questionscritiques.free.fr/edito/interview_Yanis_Varoufakis_Paul_Mason_Syriza_230115.htm 
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Jean-Luc Mélenchon, le 8 janvier


« Il faut refuser les logiques de guerre civile… par lepartidegauche

 

Conférence de presse de Jean-Luc Mélenchon le 8 janvier

« Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la fraternité républicaine des Français, qu’ils soient français depuis cinq générations, depuis cinq heures ou depuis cinq minutes. »
« La République ne trie pas ses enfants selon leur religion ou leur irréligion »
« J’espère que le premier ministre voudra bien renoncer à organiser les manifestations, car nous ne lui reconnaissons pas cette autorité. »
(…)

*

…Je ne suis pas le dernier à considérer que Mélenchon verse trop souvent dans l’imprécation et l’invective.

Mais ici, il est à la hauteur de l’événement.

Il  nous brosse une haute synthèse des valeurs républicaines, c’est remarquable. Il veut placer les partis politiques au service des associations et des syndicats, de l’éducation et de la réflexion, et non à la tête des manifestations.

C’est le Mélenchon qui avait « ouvert une nouvelle agora » (Christian Salmon) lors de sa campagne pour l’élection présidentielle.

Je lui tire mon chapeau !

G.

Mustapha Ourrad

Mustapha Ourad

 

Bonjour!

 

Nous pouvons lire dans Le Monde:

Mustapha Ourrad était correcteur à Charlie Hebdo après avoir longtemps travaillé pour Viva, le magazine des fédérations des mutuelles de France. Il était né en Algérie, mais se revendiquait «kabyle». Orphelin, il était arrivé en France à vingt ans au terme d’un voyage payé par ses amis.

Après un parcours chaotique, il avait intégré une maison d’édition puis divers journaux où il était apprécié pour ses qualités de correcteur, son érudition, mais aussi son sens aigu de l’autodérision.  Autodidacte, cet homme discret impressionnait ses amis par sa culture, notamment des philosophes et de Nietzsche en particulier. Il avait pour livre de chevet le livre d’Albert Cossery, Mendiants et orgueilleux. Ses amis se disent «anéantis» par la perte d’un «homme très aimé».

*

Albert Cossery (Google, Wikipedia) est un formidable, iconoclaste et singulier écrivain égyptien de langue française, que j’ai découvert il y a peu. Ses oeuvres complètes (onze courts romans) sont publiées en deux tomes chez Joëlle Losfeld, maison qui présente aussi les titres un par un. Cossery met en scène les pauvres parmi les pauvres de l’Égypte du XXe siècle, et comment une culture de la dignité et de la dérision peut tenir les hommes debout dans un dénuement extrême et sans perspectives.

Son opus La violence et le dérision ouvre même, me semble-t-il, une réelle méditation aux alternatives à la violence que les révolutionnaires ont traditionnellement assumée, non sans arguments, mais qui ne représente qu’une impasse historique et, à y bien regarder, conceptuelle.

Révolution sans violence, voilà le plus grand et inévitable défi pour ceux qui aspirent au changement social.
Sur ce point, la pensée et la pratique sont encore dans les limbes.

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PS:  Mustapha Ourrad, l’érudition discrète de «Charlie » , par Elsa Maudet, Libération, 15 janvier 2015.

Paul Jorion: Mme Merkel, il y a une alternative, et elle s’appelle « écouter » !

notreEuropeVotrechoix
« NOTRE Europe (est ?) VOTRE choix » (Vienne, parlement)

Bonjour!

Voici un court billet de Paul Jorion, percutant et on ne peut plus clair, énonçant ce que nous sommes nombreux à avoir pensé sans nécessairement le formuler:

Mme Merkel, il y a une alternative, et elle s’appelle « écouter » !

4 janvier 2015 par Paul Jorion Lire la suite

Daniel Mermet veut relancer « Là-bas si j’y suis » sur Internet en janvier 2015

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Dessin de Daniel Mermet

Bonjour!

Si vous ne connaissez pas Daniel Mermet, vous avez bien de la chance, parce que vous allez avoir bien du plaisir et d’intérêt à le découvrir.
Et si vous le connaissez, vous serez heureux d’apprendre qu’il ne va pas disparaître du monde de l’information.

Je dis « Daniel Mermet », mais je parle bien sûr de son émission quotidienne sur France-Inter, « Là-bas si j’y suis ».

Je l’ai découverte il y a quelques années, quand elle passait de 17 à 18 heures, moment où je cuisinais pour ma petite famille, vu que moi, j’aime écouter la radio en cuisinant. Le jour où elle m’est tombée dessus, je ne l’ai plus quittée. Car Daniel Mermet parle aussi bien d’amour que de politique, de riches que de pauvres, de la subjectivité que de la grande Histoire, et son sens rigolard de la solidarité, de l’humanité, ne cesse de ruisseler sur ses reportages, aussi cruelle et révoltante que soit parfois leur matière.

Une fois par mois, il accueille l’équipe du Monde Diplomatique, et presque chaque jour le répondeur de son émission figure comme invité des premières minutes, et quelquefois pour toute l’émission. Ah, le répondeur de « Là-bas si j’y suis »! C’est toute une France d’en bas et des luttes qui s’exprime, une France qu’on entend presque nulle part sur les ondes.

C’est une émission-brûlot incroyable, qui n’existe pas en Belgique et peut-être dans aucun autre pays européen. Et sur une chaîne publique! N’est-ce pas merveilleux? Lire la suite