San Francisco. Un homeless, pas encore complètement ruiné, dans la ville du zéro déchet (photo G. L.)
Bonjour!
J’ai vu ce film qui fait parler de lui, Demain, un documentaire de Cyril Dion avec Mélanie Laurent.
Les critiques dans la presse saluent son optimisme et sa fraîcheur, et semblent s’interdire d’être réellement critiques. Comment dire du mal d’un tel élan de positivité quand les bonnes nouvelles sont si rares?
À l’oral, dans les conversations entre amis, le commentaire le plus répandu énonce que c’est un film dont on sort optimiste.
Autant le dire tout de suite, je suis sorti de la projection fort perplexe et même, franchement sceptique. Lire la suite
Je parcours chaque jour les titres de cet indispensable portail, rezo.net, qui contient aussi une revue de la presse Internet en anglais. Un monument!
Voici à titre d’exemple mon bouquet des trois dernières semaines, qui doit représenter à peu près un cinquième des sources mentionnées. Je lis inégalement ces articles: un peu, beaucoup, passionnément. Parfois, le titre seul suffit à m’informer. Chacun peut y faire son marché.
Sur le site lui-même, le curseur placé sur une référence ouvre un bref résumé du texte.
On se doute que la réponse est « non ». Romaric nous explique comment Merkel aurait lâché la bride à Schäuble pour faire peur au gouvernement Tsipras, tétanisé à l’idée de quitter la zone euro. Car si le « grexit » est de longue date la préférence du bundes-ministre des finances, les aléas de l’aventure font reculer les plus prudents, dont la chancelière.
Pour rappel, à partir du moment où Tsipras, abusé, a cru que l’eurozone était prête à l’exclure des bénéfices du fétiche monétaire unioniste, à partir de ce moment, il était cuit. Il a tout accepté pour rester dans l’euro, et Angela n’avait plus qu’à faire son business as usual, faire accepter au Bundesrat l’accord imposé à Tsipras.
La chancelière aurait joué Schäuble dans sa stratégie personnelle contre la Grèce. Romaric Godin montre qu’aussi acharnés soient certains gouvernements (Finlande, Slovaquie, pays baltes) sur la ligne Schäuble, c’est l’Allemagne qu’ils suivent et si Angela Merkel impose un aménagement, personne ne proteste parmi ces héros.
Cependant la France est sortie du bois tout à la fin, au moment de la défaite de Tsipras, tentant de faire valoir qu’elle aurait une position indépendante de Berlin, voire même conflictuelle, et que ce serait la France qui aurait empêché Schäuble et sa bande d’exclure la Grèce de l’euro – alors que c’est Angela qui a fait ça. La France de Hollande-BNP-Paribas n’a en réalité pas cessé de laisser les coudées franches à Deutschland GmbH*, dans la crise grecque, et depuis plus longtemps même, et en retour la chancelière laisse Hollande et son ministre des finances Sapin faire leur numéro devant les micros. Je vous renvoie à l’article pour les détails, très instructifs, et pour la vue d’ensemble, très convaincante.
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La comédie en place permet à Hollande de prétendre « équilibrer » le rapport avec l’Allemagne, voire de s’y opposer. Lire la suite
Frédéric Lordon vient de s’exprimer dans son blog, pour la première fois depuis l’accord arraché à Alexis Tsipras.
En préambule, une première lecture me paraît cependant parfaitement à propos et, même, indispensable.
Matt O’Brien, dans son blog hébergé par le Washington Post, nous dit, sous le titre « The euro is a disaster even for the countries that do everything right » , comment deux pays gouvernés par des intégristes de l’Euroland, la Finlande et les Pays-Bas, ont réussi à se retrouver en 2014 avec un PIB inférieur de 5,1 et 0,3% à celui de 2007, avant l’effondrement financier de 2008.
Sur la même période, l’Islande (dont j’ai déjà parlé ici), qui a connu une dépréciation monétaire allant jusqu’à 60 pour-cent, des mesures d’austérité draconiennes, doubles des néerlandaises et de douze fois celles de la Finlande, se retrouve avec un PIB supérieur de 1,14 point à 2007. La raison de ces différences? Appartenir ou pas à la zone euro. L’article est en anglais (merci de me signaler une traduction française), court et clair: http://www.washingtonpost.com/blogs/wonkblog/wp/2015/07/17/the-euro-is-a-disaster-even-for-the-countries-that-do-everything-right/?tid=sm_tw
Venons-en maintenant à la prose annoncée: « La gauche et l’euro : liquider, reconstruire ».
Je fais un résumé par extraits qui me paraissent significatifs ou plaisants.
Les citations qui suivent sont dans l’ordre où elles apparaissent dans l’article. Si l’une ou l’autre fait problème pour le lecteur, ou l’intéresse particulièrement, il lui suffira d’aller au texte de Frédéric, où elle est déployée et mise en contexte. Idem pour la lectrice.
…Attachez-vous!
questionner le rapport de la société allemande à la chose monétaire n’est pas plus germanophobe que questionner le rapport de la société américaine aux armes à feu n’est américanophobe
On reconnaît l’indigence d’une pensée à son incapacité à traiter aucun problème autrement que dans des coordonnées morales.
formulations néo-éclairées d’une naïveté touchante : l’Allemagne est « le nouveau problème de l’Europe », écrit ainsi François Bonnet [Mediapart]. Le nouveau problème… C’est juste le problème constitutionnel de la monnaie unique, et il est consigné depuis 1991 dans le texte des traités.
Tous les pays vivent avec les obsessions de leur roman national, c’est bien leur droit, en tout cas à court et même moyen terme il n’y a rien à y faire.
il faut redire que l’Allemagne dans cette affaire n’a jamais poursuivi de projet positif de domination, et que ses comportements n’ont jamais été gouvernés que par la peur panique de souffrir, dans le partage communautaire, l’altération de principes qui lui sont plus chers que toutLire la suite
Ada Colau est est tête de liste d’une vaste coalition (« gauchiste », comme dit un journaliste),Barcelona en Comú.
Mes amis libertaires sont aux anges, des écolos, des post-cocos, des indignés, et des tas d’autres, aussi. Lire la suite
J’ai déjà parlé ici et là du projet de Traité transatlantique, qui comme le serpent des mers porte toutes sortes de noms, mais dont, à la différence de ce dernier, on connaît et l’ADN et la date de naissance présumée. L’adn aussi, acte de naissance, est déjà écrit.
Voyez ci-dessus un petit rappel qui ne manque pas de rythme.
Il est dû à l’équipe de datagueule, une série de micro-« web émissions » produite par France 4, dont le premier numéro date de juin 2014.
La politique à contrecœur, c’est ainsi que cela devrait être.
En « vraie » démocratie, la politique ne serait pas un métier, mais un devoir, et se porter à tout prix candidat d’élection en élection serait un motif d’être écarté.
Conférence de presse de Jean-Luc Mélenchon le 8 janvier
« Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la fraternité républicaine des Français, qu’ils soient français depuis cinq générations, depuis cinq heures ou depuis cinq minutes. »
« La République ne trie pas ses enfants selon leur religion ou leur irréligion »
« J’espère que le premier ministre voudra bien renoncer à organiser les manifestations, car nous ne lui reconnaissons pas cette autorité. »
(…)
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…Je ne suis pas le dernier à considérer que Mélenchon verse trop souvent dans l’imprécation et l’invective.
Mais ici, il est à la hauteur de l’événement.
Il nous brosse une haute synthèse des valeurs républicaines, c’est remarquable. Il veut placer les partis politiques au service des associations et des syndicats, de l’éducation et de la réflexion, et non à la tête des manifestations.
C’est le Mélenchon qui avait « ouvert une nouvelle agora » (Christian Salmon) lors de sa campagne pour l’élection présidentielle.
Mustapha Ourrad était correcteur à Charlie Hebdo après avoir longtemps travaillé pour Viva, le magazine des fédérations des mutuelles de France. Il était né en Algérie, mais se revendiquait «kabyle». Orphelin, il était arrivé en France à vingt ans au terme d’un voyage payé par ses amis.
Après un parcours chaotique, il avait intégré une maison d’édition puis divers journaux où il était apprécié pour ses qualités de correcteur, son érudition, mais aussi son sens aigu de l’autodérision. Autodidacte, cet homme discret impressionnait ses amis par sa culture, notamment des philosophes et de Nietzsche en particulier. Il avait pour livre de chevet le livre d’Albert Cossery, Mendiants et orgueilleux. Ses amis se disent «anéantis» par la perte d’un «homme très aimé».
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Albert Cossery (Google, Wikipedia) est un formidable, iconoclaste et singulier écrivain égyptien de langue française, que j’ai découvert il y a peu. Ses oeuvres complètes (onze courts romans) sont publiées en deux tomes chez Joëlle Losfeld, maison qui présente aussi les titres un par un. Cossery met en scène les pauvres parmi les pauvres de l’Égypte du XXe siècle, et comment une culture de la dignité et de la dérision peut tenir les hommes debout dans un dénuement extrême et sans perspectives.
Son opus La violence et le dérision ouvre même, me semble-t-il, une réelle méditation aux alternatives à la violence que les révolutionnaires ont traditionnellement assumée, non sans arguments, mais qui ne représente qu’une impasse historique et, à y bien regarder, conceptuelle.
Révolution sans violence, voilà le plus grand et inévitable défi pour ceux qui aspirent au changement social.
Sur ce point, la pensée et la pratique sont encore dans les limbes.
« NOTRE Europe (est ?) VOTRE choix » (Vienne, parlement)
Bonjour!
Voici un court billet de Paul Jorion, percutant et on ne peut plus clair, énonçant ce que nous sommes nombreux à avoir pensé sans nécessairement le formuler: