L’entraide et l’auto-organisation doivent fleurir en période de confinement, affirment les signataires de cette tribune, pour que le néolibéralisme ne reprenne pas ensuite sa domination comme avant.
Cette tribune est publiée simultanément sur plusieurs médias indépendants, Bastamag, Lundi Matin, Mediapart, Politis et Terrestres.
Depuis une semaine la France est entrée dans une nouvelle réalité vertigineuse. Le Covid-19 n’est plus une « petite grippe », selon nos gouvernants, mais la « pire crise sanitaire depuis un siècle ». Un choc intime qui nous fait trembler pour nos proches et toutes les personnes particulièrement fragiles. Une secousse géopolitique qui fait s’effondrer la mondialisation néolibérale comme un château de cartes. 2019 avait été une année d’incendies ravageurs en Australie, Amazonie et ailleurs, et d’immenses soulèvements populaires. 2020 a d’ores et déjà les traits d’une paralysie totale, une crise systémique majeure.
Cette pandémie achève de rendre irrespirable la vie dans Lire la suite
(Ici la liste de mes billets de la série CoronaViral)
(Note: certaines évolutions des savoirs, parfois importantes, pouvant survenir à tout moment, sont ajoutées dans le texte en cette couleur-ci, avec l’entrée « Màj » pour « Mise à jour » .)
Bonjour,
Devant l’avalanche d’informations de toutes sortes, Condroz belge s’est abstenu d’écrire sur « le coronavirus » depuis sa réaction, le lendemain, à l’annonce du maintien du salon du bâtiment Batibouw à Bruxelles le 28 février, soit le 29 février. Le 29 février, dans l’intensification du temps propre à la crise, c’était il y a longtemps !
Aujourd’hui, que peut-on, et provisoirement, penser raisonnablement? Je commence une série numérotée « CoronaViral » , et par ailleurs tous mes billets traitant de la covid-19 se retrouvent en cliquant au bas de cet article sur l’étiquette Covid-19 .
Toutes les informations contenues dans ce billet sont vérifiées, bien que tous les liens ne soient pas donnés.
Quelques précisions terminologiques
Covid-19 La covid-19, nom féminin, est le terme qui désigne la maladie. Covi pour corona virus, d pour disease soit « maladie », et 19 pour l’année de son apparition en Chine, 2019. On peut aussi la désigner comme « maladie à coronavirus 2019 ». Le nom de cette famille de virus provient de son image au microscope électronique, présentant une couronne circulaire.
SARS-CoV-2 SARS-CoV-2 est le nom retenu par les virologues pour désigner le virus actuel. L’acronyme est en anglais. Il est le deuxième coronavirus de l’histoire, d’où l’ajout du chiffre 2 à son nom, produisant une maladie de type SRAS, …un nom beaucoup plus effrayant que Covid-19 ! Covid-19 pour la maladie est un euphémisme, car en effet SARS en anglais ou SRAS en français, valent pour: syndrome respiratoire aigu sévère. « Il ne faut pas confondre le SARS-CoV-2 (nom du virus) et la COVID-19 (nom, féminin, de la maladie due au virus) » , nous dit Wikipedia. Lire la suite
Quelques nouvelles de chez les salauds. Il y a une leçon derrière l’événement raconté ci-dessous, qu’il n’est pas inutile de rappeler: il faut nuire au Medef, l’organisation patronale des grandes entreprises cotées en bourse, pour que le gouvernement français recule sur un projet. En 1995, c’est le Medef qui a dit au premier ministre Juppé de retirer son projet sur les retraites, après quinze jours de grève qui lui coûtaient trop cher. Et la leçon vaut pour les autres pays. En France, l’avocat François Boulo (ça ne s’invente pas), porte-parole des gilets jaunes de Rouen, recommande depuis plus d’un an le blocage de l’économie. Il a appelé à la grève générale dès début 2019. Aujourd’hui, l’idée qui monte, c’est de bloquer les raffineries de pétrole, et il y a des débuts. Un appel à la cotisation générale pour financer les grèves dans ce secteur a déjà été lancé au moins une fois.
Denis Robert, romancier et journaliste enquêteur qui a fait de belles preuves sur et contre la finance, « pète un câble » et ce sont bien ses voeux, comme le furent ceux de Condroz belge. La marionnette Macron en flagrants délits de mensonges et d’autres qualités humaines délicates, ce bébé Thatcher, en prend pour son grade et « il le vaut bien » .
(Présente aussi sur Youtube, cette vidéo y apparaît avec l’étiquette [ALERTE, CENSURE], le site demandant à l’internaute de se connecter « pour confirmer votre âge » : les macronistes, le pouvoir, ou les « services » , ont fait le boulot. )
Comment faire sortir le théâtre du cercle étroit des initiés ? Comment atteindre le grand public avec des pièces qui le concernent et des mises en scènes qui le touchent ? À ces questions mille fois posées dans le monde de la culture, le spectacle donné hier soir au théâtre des Bouffes du Nord a apporté une réponse éclatante.
Les événements se précipitant, je me suis documenté sur la réforme des retraites que veut imposer Emmanuel Macron. Je livre ici une synthèse provisoire sur la question, que j’appelle « libre » en ce sens que je ne vais pas appuyer dans le texte chacun de mes dires par un lien. Je puise notamment dans des médias sur abonnement, Là-bas si j’y suis, Mediapart, Arrêt sur Images, qui tous mettent néanmoins, notez-le, certains textes ou émissions en accès libre. Je donne en vrac quelques sources parfois référencées au bas de ce billet. …C’est un destin incontournable, pour les Belges francophones, que de suivre de près ou de trop près l’état de notre voisin du sud. Et non sans raisons. Pour le mouvement social comme pour le nucléaire et d’autres sujets et pratiques, nous sommes sous influence.
Ce qu’il faut, c’est la retraite à 60 ans pour tous, calculée sur les 10 meilleures années, et indexée sur les prix et sur les salaires. La France est un pays riche!
Les pensions françaises, c’est 300 milliards d’euros par an. Dans la déprime financière post-2008, c’est une montagne à saisir pour les premiers de cordée! Ils n’ont pas pousser à l’installation d’un fondé de pouvoir, d’un pion, à la présidence de la république, c’est déjà largement « documenté ». Dans l’illimitation, par définition, on ne s’arrête jamais …de soi-même. La remplaçante du pion, son remplaçant, sont déjà dans la nursery. À quand le best-seller d’un insider livrant les conversatoins privées entre grands assureurs privés? (Privés de quoi? demande la fille de mon voisin.)
L’ancien inspecteur du travail (français) Gérard Filoche est militant et auteur. Ici, avec sa faconde habituelle, pour Là-bas si j’y suis, https://la-bas.org/. Le site donne Lire la suite
La Guerre sociale en France – Aux
sources économiques de la démocratie autoritaire (éd. La Découverte, 245 pages, 18 euros) est
le dernier livre de Romaric Godin, journaliste actuellement chez Mediapart,
lequel y consacre un large article (ici en PDF).
Romaric Godin étudie un peu finement la position de Macron, avec sa cohérence et sa « tartuferie », qui repose essentiellement sur des axiomes assumés comme non critiquables. C’est donc par la critique des axiomes, comme pour un paranoïaque et comme pour la « science » économique universitaire dite néo-classique, qu’on peut échapper à sa logique. Par exemple, le mantra macronien « progressisme » consiste à favoriser la possibilité de chacun …de se vendre au mieux sur le marché du travail. Entre parenthèses, Macron a été co-rédacteur du rapport Attali, ce faiseur de rois campant complètement sur une même ligne du « tout ou rien ».
Macron se dit progressiste. Quel est donc le progressisme de ce « réformateur » qui a donné le titre « Révolution » à son livre d’entrée en politique? Voici ce qu’en dit Romaric :
Le progressisme se veut social parce qu’il entend donner à ceux qui ne les ont pas les moyens de venir sur le marché du travail, là où le capitalisme manchestérien ne se souciait pas de la capacité des hommes à se vendre. Il les prenait comme ils étaient, pour ce qu’ils étaient. Ici, le « progressisme » ne cesse de parler d’humain, parce qu’il entend donner à chacun cette capacité à se vendre. Il y a cette idée que l’on peut en permanence améliorer sa compétitivité individuelle et mieux réussir sur le marché. Le libéralisme d’antan laissait l’individu se débrouiller avec ce qu’il avait, le néolibéralisme veut améliorer la capacité marchande de chacun. La compétition n’en est pas moins féroce, et le résultat pas forcément différent. Cette action se fait, d’abord, par une logique de workfare : l’État doit assurer à chacun des revenus minimum permettant de se présenter sur le marché du travail. Mais il ne peut le faire que si ces revenus sont effectivement utilisés pour aller sur le marché du travail. Autrement, il s’agirait d’une rente. Le soutien contre la pauvreté n’est donc pas un humanisme, c’est un soutien au marché qui est conditionné à la participation de l’individu a ce dernier. Deuxième moyen, la formation et l’éducation, qui doivent assurer la capacité marchande permanente de l’individu sur le marché du travail et permettre une adaptation de l’individu aux demandes du marché. Dernier moyen, la lutte contre les discriminations, qui n’est cependant pas une spécificité de ce « progressisme ». Là encore, il ne s’agit pas d’un quelconque humanisme mais d’une logique de marché : toute discrimination est une rente parce qu’elle favorise un acteur de marché plutôt qu’un autre sur des critères non économiques. Mais c’est souvent une tartuferie car les discriminations, raciales et sexuelles, s’enracinent aussi dans des déterminations économiques. L’illégalité formelle de la discrimination ne dit rien des différences sociales qui, souvent, aggravent les discriminations existantes. Si les personnes d’origine étrangère sont moins bien formées en raison des capacités économiques de départ de leur famille, elles seront toujours proportionnellement moins nombreuses à réussir. Surtout si les protections sociales sont affaiblies et renforcent encore les inégalités sociales de départ. Mais, comme la réussite n’est qu’individuelle, ces circonstances sont largement niées. La lutte contre les discriminations est donc un paravent de la libéralisation. On constate, du reste, que ce « progressisme » n’est largement que de façade, la politique migratoire d’Emmanuel Macron étant très peu ouverte et centrée sur les besoins du marché. (…) À noter : le progressisme ne discute pas, ou à la marge, le résultat de la loi du marché, puisqu’il estime que la redistribution est trop forte. Toutes les inégalités issues de la justice du marché sont acceptables. Le travail, produit du marché, est un « vecteur de mobilité sociale et d’émancipation » et ceux qui veulent vivre mieux doivent donc mieux répondre aux demandes du marché. C’est là une responsabilité individuelle. Grâce au marché, le progressisme remplace la redistribution par des droits.