Badia Benjelloun est parisienne.
Elle écrit une lettre ouverte à la maire de sa ville, que vous pouvez lire ci-dessous et/ou télécharger en format PDF.
À méditer et à diffuser!
—————————————————————
Madame la Maire,
Plus de 6 millions de réfugiés demandent leur retour
Actuellement ils sont six millions de Palestiniens dont la plupart vivent dans des pays de l’Orient arabe et continuent d’espérer retourner à leur terre dont ils ont été expulsés et dépossédés.
Des Palestiniens vivant en Cisjordanie, un bon tiers sont des déplacés de 1967, vivent sous une occupation militaire qui leur inflige des restrictions de tout ordre. Leurs déplacements sont contrôlés et limités par des centaines de postes militaires, leurs droits de s’établir, de posséder un terrain et d’y construire une demeure sont soumis au caprice de l’occupant. Chaque jour, sous des prétextes divers, et souvent sans autre argument qu’une simple requête militaire, des terres sont confisquées à leurs propriétaires et des maisons sont rasées.
Les métallos ont toujours été remuants et plutôt à gauche, y compris lorsque l’expression « de gauche » n’existait pas. Et les policiers et gendarmes ont toujours eu peur des manifs de métallos.
Il faut dire que la gendarmerie le mérite bien! Car elle existait déjà avant le pays lui-même, et elle a tué dans l’histoire plus d’ouvriers que de malfrats.
Or malgré une certaine déglingue du secteur, il y a encore des ouvriers, des techniciens et des employés de la métallurgie en Belgique. Ils ont des syndicats, c’est à dire trois fédérations, car la Belgique est le pays de la trinité. Lire la suite
La Belgique francophone avait déjà inventé le socialisme royaliste, par peur que la Flandre ne lâche le pays, qui est un royaume. Les socialistes, parti dominant l’électorat francophone, ont estimé à haute analyse que le roi serait un garant de l’unité du pays et que protégeant la royauté, on protégerait la Wallonie. Car cette dernière, en recherche d’une reconversion, aurait à craindre d’une éventuelle perte de la contribution aux budgets nationaux d’une Flandre récemment enrichie. Alors qu’au référendum dit de la question royale, en 1951, les francophones à majorité socialiste et libérale auraient volontiers liquidé la royauté, cette dernière fut sauvée par la Flandre, à l’époque encore rurale et déjà conservatrice. Précisons qu’il s’agit ici de l’unité géographique et administrative, car pour ce qui est de l’unité des patrons et des syndicats, celle-ci est nouée depuis longtemps, s’agissant des élites syndicales plus que de la base, bien entendu. Les syndicalistes socialistes médiatisés ne cessent de pleurer pour que vive la « concertation sociale », une musique, on ne sait trop pourquoi, si douce à leurs oreilles.
Après la baisse des ventes qui a suivi la fin du communisme en Europe, le mur de Berlin tombant en novembre 1989, et la fin de la guerre froide, le marché mondial de l’armement est aujourd’hui à nouveau au plus haut. Lire la suite
Un journaliste détenu arbitrairement risque de mourir?
Où ça?
En Israël.
Qui ça?
Il est palestinien et s’appelle Muhammed al Qiq.
Il est l’objet d’une détention administrative, masque pseudo-juridique dont Israël use et abuse pour échapper à toute règle de droit et de justice. Pas de charge, pas de dossier, pas d’inculpation, durée indéterminée. L’État le plus moral du monde (puisqu’il appelle ainsi sa propre armée) ne respecte cependant même pas les règles internationales de la détention administrative, qui impliquent notamment le choix pour le détenu de son médecin.
Amnesty International lance une action et une pétition pour sauver Muhammed.
On s’amuse et on devient plus intelligent en écoutant la Parisienne Libérée. C’est doux, et c’est acide. C’est du bout des doigts, avec le sourire, et c’est comme un uppercut.
Nous avons au menu de ce numéro de 7 minutes 36 secondes, « le projet d’aérodrome à Notre-Dame-des-Landes (1974), une envoyée très spéciale en direct de Calais, du numérique féerique et la météo nucléaire d’Astrid, toujours au beau fixe ! »
Comme pour tout JT, les sujets retenus dressent le baromètre citoyen de la chaîne, son sens des priorités et des responsabilités.
Et pour ceux à qui ça n’échapperait pas: on ne voit pas les mains de la Parisienne.
Elles sont aux claviers.
J’ai vu ce film qui fait parler de lui, Demain, un documentaire de Cyril Dion avec Mélanie Laurent.
Les critiques dans la presse saluent son optimisme et sa fraîcheur, et semblent s’interdire d’être réellement critiques. Comment dire du mal d’un tel élan de positivité quand les bonnes nouvelles sont si rares?
À l’oral, dans les conversations entre amis, le commentaire le plus répandu énonce que c’est un film dont on sort optimiste.
Autant le dire tout de suite, je suis sorti de la projection fort perplexe et même, franchement sceptique. Lire la suite
Je parcours chaque jour les titres de cet indispensable portail, rezo.net, qui contient aussi une revue de la presse Internet en anglais. Un monument!
Voici à titre d’exemple mon bouquet des trois dernières semaines, qui doit représenter à peu près un cinquième des sources mentionnées. Je lis inégalement ces articles: un peu, beaucoup, passionnément. Parfois, le titre seul suffit à m’informer. Chacun peut y faire son marché.
Sur le site lui-même, le curseur placé sur une référence ouvre un bref résumé du texte.
On se doute que la réponse est « non ». Romaric nous explique comment Merkel aurait lâché la bride à Schäuble pour faire peur au gouvernement Tsipras, tétanisé à l’idée de quitter la zone euro. Car si le « grexit » est de longue date la préférence du bundes-ministre des finances, les aléas de l’aventure font reculer les plus prudents, dont la chancelière.
Pour rappel, à partir du moment où Tsipras, abusé, a cru que l’eurozone était prête à l’exclure des bénéfices du fétiche monétaire unioniste, à partir de ce moment, il était cuit. Il a tout accepté pour rester dans l’euro, et Angela n’avait plus qu’à faire son business as usual, faire accepter au Bundesrat l’accord imposé à Tsipras.
La chancelière aurait joué Schäuble dans sa stratégie personnelle contre la Grèce. Romaric Godin montre qu’aussi acharnés soient certains gouvernements (Finlande, Slovaquie, pays baltes) sur la ligne Schäuble, c’est l’Allemagne qu’ils suivent et si Angela Merkel impose un aménagement, personne ne proteste parmi ces héros.
Cependant la France est sortie du bois tout à la fin, au moment de la défaite de Tsipras, tentant de faire valoir qu’elle aurait une position indépendante de Berlin, voire même conflictuelle, et que ce serait la France qui aurait empêché Schäuble et sa bande d’exclure la Grèce de l’euro – alors que c’est Angela qui a fait ça. La France de Hollande-BNP-Paribas n’a en réalité pas cessé de laisser les coudées franches à Deutschland GmbH*, dans la crise grecque, et depuis plus longtemps même, et en retour la chancelière laisse Hollande et son ministre des finances Sapin faire leur numéro devant les micros. Je vous renvoie à l’article pour les détails, très instructifs, et pour la vue d’ensemble, très convaincante.
*
La comédie en place permet à Hollande de prétendre « équilibrer » le rapport avec l’Allemagne, voire de s’y opposer. Lire la suite
Frédéric Lordon vient de s’exprimer dans son blog, pour la première fois depuis l’accord arraché à Alexis Tsipras.
En préambule, une première lecture me paraît cependant parfaitement à propos et, même, indispensable.
Matt O’Brien, dans son blog hébergé par le Washington Post, nous dit, sous le titre « The euro is a disaster even for the countries that do everything right » , comment deux pays gouvernés par des intégristes de l’Euroland, la Finlande et les Pays-Bas, ont réussi à se retrouver en 2014 avec un PIB inférieur de 5,1 et 0,3% à celui de 2007, avant l’effondrement financier de 2008.
Sur la même période, l’Islande (dont j’ai déjà parlé ici), qui a connu une dépréciation monétaire allant jusqu’à 60 pour-cent, des mesures d’austérité draconiennes, doubles des néerlandaises et de douze fois celles de la Finlande, se retrouve avec un PIB supérieur de 1,14 point à 2007. La raison de ces différences? Appartenir ou pas à la zone euro. L’article est en anglais (merci de me signaler une traduction française), court et clair: http://www.washingtonpost.com/blogs/wonkblog/wp/2015/07/17/the-euro-is-a-disaster-even-for-the-countries-that-do-everything-right/?tid=sm_tw
Venons-en maintenant à la prose annoncée: « La gauche et l’euro : liquider, reconstruire ».
Je fais un résumé par extraits qui me paraissent significatifs ou plaisants.
Les citations qui suivent sont dans l’ordre où elles apparaissent dans l’article. Si l’une ou l’autre fait problème pour le lecteur, ou l’intéresse particulièrement, il lui suffira d’aller au texte de Frédéric, où elle est déployée et mise en contexte. Idem pour la lectrice.
…Attachez-vous!
questionner le rapport de la société allemande à la chose monétaire n’est pas plus germanophobe que questionner le rapport de la société américaine aux armes à feu n’est américanophobe
On reconnaît l’indigence d’une pensée à son incapacité à traiter aucun problème autrement que dans des coordonnées morales.
formulations néo-éclairées d’une naïveté touchante : l’Allemagne est « le nouveau problème de l’Europe », écrit ainsi François Bonnet [Mediapart]. Le nouveau problème… C’est juste le problème constitutionnel de la monnaie unique, et il est consigné depuis 1991 dans le texte des traités.
Tous les pays vivent avec les obsessions de leur roman national, c’est bien leur droit, en tout cas à court et même moyen terme il n’y a rien à y faire.
il faut redire que l’Allemagne dans cette affaire n’a jamais poursuivi de projet positif de domination, et que ses comportements n’ont jamais été gouvernés que par la peur panique de souffrir, dans le partage communautaire, l’altération de principes qui lui sont plus chers que toutLire la suite