J’ai vu ce film qui fait parler de lui, Demain, un documentaire de Cyril Dion avec Mélanie Laurent.
Les critiques dans la presse saluent son optimisme et sa fraîcheur, et semblent s’interdire d’être réellement critiques. Comment dire du mal d’un tel élan de positivité quand les bonnes nouvelles sont si rares?
À l’oral, dans les conversations entre amis, le commentaire le plus répandu énonce que c’est un film dont on sort optimiste.
Autant le dire tout de suite, je suis sorti de la projection fort perplexe et même, franchement sceptique. Lire la suite
Il faut soutenir Mediapart, et la façon de le faire, c’est de s’y abonner. C’est un soutien, certes, mais – vous commencez à le subodorer -, c’est avant tout une formidable source d’information indépendante, sans publicité, et sans milliardaire ni groupe industriel parmi les actionnaires. Les infos pour l’abonnement sont ici: 9 euros par mois.
9 euros par mois, c’est le prix de 4 exemplaires-papier du Monde (à condition de ne pas l’acheter le week-end), de 4 ou 5 exemplaires de Libération ou du Figaro, selon qu’on les achète en France ou en Belgique. Ces trois journaux appartiennent à des milliardaires. L’Humanité aussi, journal du parti communiste français, a eu besoin d’un milliardaire pour éviter la faillite.
Quant à la presse quotidienne belge, désolé, je n’ai pas les détails. Il est assez évident que pas un titre belge ne sort du rang des « mainstream » (« eau tiède »), et qu’aucun n’est libre de la toute-puissance des annonceurs… est un fait avéré.
Comme le disait un proverbe ouvrier du début du XXème siècle: « N’achète pas le journal, tu ramènerais un patron à la maison » .
C’est une des nouvelles qui plombent cette fin d’année.
Les deux premiers personnages publics du PS français, dont je ne veux pas citer les noms, de ce PS dont je n’ose écrire toutes les lettres, ces deux types donc, et leurs smalas évidemment, qu’on appelle cabinets, comme aux chiottes, ces deux types, quoi?
Eh bien, …ils proposent une mesure d’extrême-droite!
Une mesure contre laquelle ils n’avaient pas de mots assez durs quand, alors qu’ils étaient dans l’opposition et à la chasse aux places, c’était le président en exercice Nicolas Sarkozy qui la recommandait, dans son discours de Grenoble en 2010.
Bon.
Aujourd’hui ils décident quoi ces décideurs?
Ils décident une déchéance.
Wo! Aw! Woaw!
Ça en jet-te!
Quel mot beau et fort, que ce ‘déchéance’. Comme il remplit la bouche!
Sérieusement, hélas, le terme ne pousse rien vers le haut, et tout vers le bas.
(Une déchéance de qwa de qi? Je voudrais ne plus konnaître le franc-c’est, et parler une langue mord-te deux-puits dix milans.
Soupir. Allons, courage, assumons les hasards et le mystère de la naissance.
Je reviens à moi et à vous, quoi que cela puisse vouloir dire.)
Comme retournement de veste, François, Manuel et la bande, bravo les gars et la fille! C’est donc ça, la politique. « Ce n’est pas moi qui tourne, c’est le vent! » C’est donc ça, le sens des responsabilités. Et quelle merveilleuse conscience: si tu as le micro, tu es en charge de faire monter le niveau général. Elle a bien de la chance, la jeunesse, avec des exemples pareils.
Le Huffington Post a réalisé une vidéo qui les montre ces lascars, quand ils ne travaillent pas à la rentabilité des entreprises et du complexe militaro-industri-fiel et donc au dynamitage du code du travail, elle les montre en deux temps, d’abord en 2010, puis aujourd’hui. La vidéo (2 minutes) est citée par Le Monde, et par Condrozbelge si vous cliquez sur l’image ci-dessous :
(Silence.)
…
Tout ça est très mâle, vous ne trouvez pas?
Les mecs, qui en remettent. Comme on vomit.
Les hommes, qui fanfarhomment. Comme à la guerre.
Une femme de temps en temps, au diapason. Elle alliote-marie, elle oncle-lynxe, elle merkelise.
Mais ils et elles auront beau faire, nous ne sommes pas abusés!
Ça reste une affaire de miches! Je cite Georges Brassens et Pierre Perret.
Ça reste une affaire de couillons! Je cite Marcel Pagnol.
Et j’évite provisoirement de citer Jean Genet.
Aussi un mystérieux groupe d’action français, action français sans E, pardi, a-t-il ouvert une campagne d’affiches (il y en a douze), et on peut cliquer sur l’image, on peut télécharger les grands formats pour imprimer et mettre à sa fenêtre ou à la leur:
…C’est tout pour cette fois, et ça suffit bien, nom de Dieu. Çuilà, si créateur il avait créé le socialisme de gouvernement, on lui mettrait la tête entre les deux oreilles!
L’Arabie saoudite est courtisée par l’Occident. On le sait, et ça ne date pas d’hier.
Hier justement, le ministre-président wallon socialiste, Paul Magnette, justifiait les ventes d’armes de guerre wallonnes à ce pays, par un bla-bla à prétention géopolitique et dans une posture de responsabilité des « engagements internationaux » , comprenons les compromissions, de la Belgique. Çuilà, il ne connait l’internationalisme que dans les livres d’histoire. Et du commerce, il connaît d’abord le déni.
Le wahhabisme est la version bien cadenassée de l’islam à la saoudienne. Wahhabisme notre ami? Pas le mien, mais alors, wahhabisme leur ami?
Lorsque le roi Abdallah est mort, en janvier 2015, quelques jours après les attentats à Charlie-Hebdo, le roi Philippe de Belgique s’est rendu aux obsèques du monarque défunt d’un régime qui interdit aux femmes de conduire une voiture, exécute de façon sanglante plus d’une centaine de condamnés par an, et au même moment condamnait le blogueur Raif Badawi à dix ans de prison et mille coups de fouet pour avoir animé un site internet consacré à la liberté d’expression. François Hollande aussi était de la partie aux funérailles, et pas mal d’autres démocrates. Récemment l’inénarrable Manuel Valls est allé écrire une ligne de son CV là-bas, à l’occasion de la signature de contrats portant sur dix milliards d’achats militaires divers par Ryad à l’industrie française. Il a tweeté victorieusement un message supprimé depuis lors, mais pérennisé par Serge Halimi dans Le Monde diplomatique. C’est bien, Twitter: « France-Arabie saoudite : 10 milliards d’euros de contrats ! Le gouvernement mobilisé pour nos entreprises et l’emploi. »Lire la suite
– Salut, Rrrr. Tout va bien?
– Ça va ça va. Enfin, il me semble. Aussi bien que possible, les choses étant ce qu’elles sont.
– Tu as vu ce texte d’un Américain, qui dit dans un journal de New York que la France est le pays au monde où il fait le meilleur vivre?
– Oui, j’ai lu.
– On peut boire du vin ou de l’alcool en France, croire en Dieu ou pas, tromper sa femme sans courir d’opprobre, et on dispose là-bas d’écoles gratuites.
– Oui, j’ai lu ça. Pourtant, les riches Français s’installent à Bruxelles.
– Oui, à Molenbeek.
– Hi hi. Et les étudiants français fuient en nombre l’école française gratuite, …pour l’école belge.
« La France incarne tout ce que les fanatiques religieux ont toujours haï : la jouissance de la vie sur Terre d’une myriade de façons : une tasse de café parfumé et un croissant au beurre le matin, de belles femmes habillées en robes courtes qui sourient librement dans la rue, l’odeur du pain chaud, une bouteille de vin partagée entre amis, une touche de parfum, les enfants qui jouent au Jardin du Luxembourg, le droit de ne croire en aucun Dieu, de ne pas se soucier des calories, de flirter et fumer et de faire l’amour en dehors du mariage, de prendre des vacances, de lire ce qu’on veut, d’aller gratuitement à l’école, de jouer, rire, argumenter, de se moquer des prélats et des politiciens, de ne pas se soucier de la vie après la mort.
Aucun pays ne profite autant de la vie que les Français. Paris, nous t’aimons. Nous pleurons pour toi. Tu es en deuil ce soir, et nous sommes à tes côtés. Nous savons que tu riras à nouveau un jour, tu chanteras, tu feras l’amour et tu guériras, parce que l’amour de la vie est ton essence. Les forces du mal vont reculer. Elles vont perdre. Elles perdent toujours ».
« L’armée la plus morale du monde », c’est ainsi que la propagande, pardon, la communication officielle en Israël, désigne l’armée de ce pays, une armée « de défense » bien entendu. Une recherche Google donne des tonnes de références en sens divers. Faut-il faire un doctorat sur la question? Les déferlantes sur Gaza, aux noms si poétiques, « Plomb durci », « Bordure protectrice », laissent peu de doute sur le côté moral et défensif des opérations.
Que cette armée soit la plus morale du monde va bientôt être une offense pour les autres, qui se retrouvent déclarées moins vertueuses. Des procès en diffamation se préparent, à n’en pas douter. Si même Le Monde titre, en mai de cette année, « La dérive morale de l’armée israélienne à Gaza » , les communicateurs-propagandistes israéliens soucieux de morale peuvent aussi être soucieux pour leur CV. Du moins quant à l’opinion mondiale ou pour s’expatrier, car au pays de Benyamin Netanyahu, la propagande fait toujours merveille: « Israël a commis des crimes de guerre lors de l’opération “Plomb durci” à Gaza. (…) La majorité des Israéliens est toujours profondément convaincue que leur armée, les FID, est l’armée la plus morale du monde, et rien d’autre. Voilà la force d’un lavage de cerveaux extrêmement efficace. » (Gideon Levy, journaliste de Haaretz, cité ici.) Pour rappel et pour situer le niveau, plus de 60 pour cent des adultes Israéliens pensent que la Cisjordanie est un territoire israélien. Lire la suite
On se doute que la réponse est « non ». Romaric nous explique comment Merkel aurait lâché la bride à Schäuble pour faire peur au gouvernement Tsipras, tétanisé à l’idée de quitter la zone euro. Car si le « grexit » est de longue date la préférence du bundes-ministre des finances, les aléas de l’aventure font reculer les plus prudents, dont la chancelière.
Pour rappel, à partir du moment où Tsipras, abusé, a cru que l’eurozone était prête à l’exclure des bénéfices du fétiche monétaire unioniste, à partir de ce moment, il était cuit. Il a tout accepté pour rester dans l’euro, et Angela n’avait plus qu’à faire son business as usual, faire accepter au Bundesrat l’accord imposé à Tsipras.
La chancelière aurait joué Schäuble dans sa stratégie personnelle contre la Grèce. Romaric Godin montre qu’aussi acharnés soient certains gouvernements (Finlande, Slovaquie, pays baltes) sur la ligne Schäuble, c’est l’Allemagne qu’ils suivent et si Angela Merkel impose un aménagement, personne ne proteste parmi ces héros.
Cependant la France est sortie du bois tout à la fin, au moment de la défaite de Tsipras, tentant de faire valoir qu’elle aurait une position indépendante de Berlin, voire même conflictuelle, et que ce serait la France qui aurait empêché Schäuble et sa bande d’exclure la Grèce de l’euro – alors que c’est Angela qui a fait ça. La France de Hollande-BNP-Paribas n’a en réalité pas cessé de laisser les coudées franches à Deutschland GmbH*, dans la crise grecque, et depuis plus longtemps même, et en retour la chancelière laisse Hollande et son ministre des finances Sapin faire leur numéro devant les micros. Je vous renvoie à l’article pour les détails, très instructifs, et pour la vue d’ensemble, très convaincante.
*
La comédie en place permet à Hollande de prétendre « équilibrer » le rapport avec l’Allemagne, voire de s’y opposer. Lire la suite