Cette livraison de la Parisienne Libérée est indispensable!
Voici le sommaire : Écoute, le Jeune / le salariat raconté par le Medef / la réforme pénale et l’éternel retour de l’«antiterrorisme» / violences d’État contre les réfugiés / météo nucléaire. Lire la suite
La scène sociale française est au chaud. Ne voulant pas trop savoir que le ventre du pays est agité, et encore moins que l’occasion du mouvement actuel n’est pas sa vraie cause mais que celle-ci est historique et pas récente, …ce ne voulant pas, les médias parlent de beaucoup d’autres choses.
Sur la photo ci-dessus, les fonctionnaires à la matraque auraient un revenu net de 1.400 euros. Leur employeur n’achète pas cher leur niveau de « motivationnel » !
Et le type au milieu de ce groupe tellement humain est docteur en informatique à Lille. Si je dis qu’il est docteur, c’est en raison de l’intérêt que portent à cette précision certains de mes contradicteurs, et parce que je cours au-devant de leur désir de savoir. Lire la suite
La Belgique francophone avait déjà inventé le socialisme royaliste, par peur que la Flandre ne lâche le pays, qui est un royaume. Les socialistes, parti dominant l’électorat francophone, ont estimé à haute analyse que le roi serait un garant de l’unité du pays et que protégeant la royauté, on protégerait la Wallonie. Car cette dernière, en recherche d’une reconversion, aurait à craindre d’une éventuelle perte de la contribution aux budgets nationaux d’une Flandre récemment enrichie. Alors qu’au référendum dit de la question royale, en 1951, les francophones à majorité socialiste et libérale auraient volontiers liquidé la royauté, cette dernière fut sauvée par la Flandre, à l’époque encore rurale et déjà conservatrice. Précisons qu’il s’agit ici de l’unité géographique et administrative, car pour ce qui est de l’unité des patrons et des syndicats, celle-ci est nouée depuis longtemps, s’agissant des élites syndicales plus que de la base, bien entendu. Les syndicalistes socialistes médiatisés ne cessent de pleurer pour que vive la « concertation sociale », une musique, on ne sait trop pourquoi, si douce à leurs oreilles.
Après la baisse des ventes qui a suivi la fin du communisme en Europe, le mur de Berlin tombant en novembre 1989, et la fin de la guerre froide, le marché mondial de l’armement est aujourd’hui à nouveau au plus haut. Lire la suite
C’est une des nouvelles qui plombent cette fin d’année.
Les deux premiers personnages publics du PS français, dont je ne veux pas citer les noms, de ce PS dont je n’ose écrire toutes les lettres, ces deux types donc, et leurs smalas évidemment, qu’on appelle cabinets, comme aux chiottes, ces deux types, quoi?
Eh bien, …ils proposent une mesure d’extrême-droite!
Une mesure contre laquelle ils n’avaient pas de mots assez durs quand, alors qu’ils étaient dans l’opposition et à la chasse aux places, c’était le président en exercice Nicolas Sarkozy qui la recommandait, dans son discours de Grenoble en 2010.
Bon.
Aujourd’hui ils décident quoi ces décideurs?
Ils décident une déchéance.
Wo! Aw! Woaw!
Ça en jet-te!
Quel mot beau et fort, que ce ‘déchéance’. Comme il remplit la bouche!
Sérieusement, hélas, le terme ne pousse rien vers le haut, et tout vers le bas.
(Une déchéance de qwa de qi? Je voudrais ne plus konnaître le franc-c’est, et parler une langue mord-te deux-puits dix milans.
Soupir. Allons, courage, assumons les hasards et le mystère de la naissance.
Je reviens à moi et à vous, quoi que cela puisse vouloir dire.)
Comme retournement de veste, François, Manuel et la bande, bravo les gars et la fille! C’est donc ça, la politique. « Ce n’est pas moi qui tourne, c’est le vent! » C’est donc ça, le sens des responsabilités. Et quelle merveilleuse conscience: si tu as le micro, tu es en charge de faire monter le niveau général. Elle a bien de la chance, la jeunesse, avec des exemples pareils.
Le Huffington Post a réalisé une vidéo qui les montre ces lascars, quand ils ne travaillent pas à la rentabilité des entreprises et du complexe militaro-industri-fiel et donc au dynamitage du code du travail, elle les montre en deux temps, d’abord en 2010, puis aujourd’hui. La vidéo (2 minutes) est citée par Le Monde, et par Condrozbelge si vous cliquez sur l’image ci-dessous :
(Silence.)
…
Tout ça est très mâle, vous ne trouvez pas?
Les mecs, qui en remettent. Comme on vomit.
Les hommes, qui fanfarhomment. Comme à la guerre.
Une femme de temps en temps, au diapason. Elle alliote-marie, elle oncle-lynxe, elle merkelise.
Mais ils et elles auront beau faire, nous ne sommes pas abusés!
Ça reste une affaire de miches! Je cite Georges Brassens et Pierre Perret.
Ça reste une affaire de couillons! Je cite Marcel Pagnol.
Et j’évite provisoirement de citer Jean Genet.
Aussi un mystérieux groupe d’action français, action français sans E, pardi, a-t-il ouvert une campagne d’affiches (il y en a douze), et on peut cliquer sur l’image, on peut télécharger les grands formats pour imprimer et mettre à sa fenêtre ou à la leur:
…C’est tout pour cette fois, et ça suffit bien, nom de Dieu. Çuilà, si créateur il avait créé le socialisme de gouvernement, on lui mettrait la tête entre les deux oreilles!
Le Premier ministre sortant soutient la vente aux enchères en ligne d’Oxfam, qui débute ce jeudi à l’occasion du 50e anniversaire de la présence de l’ONG en Belgique.
La nature est magnifique en ce moment.
À Rostock aussi.
Les moissons lèvent, les forêts prospèrent.
Le vert des frondaisons est inimitablement pur et profond au mois de juin.
Avec cela, policier n’est décidément pas un métier comme les autres.
Mais combien utile! Pensez que sans eux, Poutine, Bush et consorts [dans leur G8] entendraient des cris à leurs fenêtres, ce serait évidemment inacceptable.
J’ai reçu un courrier du CADTM: « Les autorités allemandes ont utilisé des dispositions légales prises contre les hooligans au cours des dernières années (suite aux violences lors de matchs de football) et les ont appliquées à des manifestants politiques et pacifiques. » (On ne parle pas ici des deux mille membres de « black blocks » venus jusque du Japon pour en découdre.) « Sur les 1.100 arrestations auxquelles les autorités ont procédé, il semblerait que moins de 10 débouchent sur des poursuites. Cela paraît montrer que les autorités ont adopté une politique visant à empêcher un exercice normal des droits démocratiques. »
À Rostock donc, des milliers de flics en tenue mi-moyenâgeuse, mi-futuriste, tentent par leur nombre et leurs équipements de contenir la foule bigarrée des contestataires. C’est plein de jeunes, il y en a donc encore qui font autre chose que soldat dans la guerre économique, et il y a aussi quelques vieux de mon âge. J’ai vu ça dans un reportage photographique sur le blocage de la porte 2 de la zone dite « rouge ». Les policiers et les militaires, comme les politiciens belges, aiment bien l’usage des couleurs pour simplifier l’étiquetage. Ça repose.
Je ne suis pas mécontent que des anonymes bravent le manque de sommeil et les intempéries, parfois les auto-pompes, pour défendre pacifiquement une démocratie d’en-bas en laquelle je me reconnais. Je me souviens qu’à Seattle en 1999 ces gens-là, que la société bien-pensante ne prend pas au sérieux, ont mis en échec le Millenium Round de l’OMC, Organisation Commerciale du Monde, aujourd’hui dirigée par un socialiste français, Pascal Lamy. Un socialiste qui dirige l’OMC, ça devrait convaincre les protestataires qu’ils sont ringards, et que la modernité, c’est la fin de l’histoire, pour ne rien dire de la fin de la lutte des classes. Las, le slogan « Tous humains, tous copains », surtout lorsqu’il est asséné de ces tribunes-là, est une pédagogie qui ne réussit pas avec tout le monde.
*
Voter le 10 juin ne suffit pas vraiment au citoyen que je suis, dans un pays où la politique-spectacle et la marchandisation ont tout gangrené.
J’exagère? Voici un exemple entre mille. Dans l’école où je travaille, l’argent public finance l’éclairage des faces avant des distributeurs frigorifiques Coca-Cola et Danone, présents à l’intérieur de l’établissement (une présence qui en soi pose déjà une sacrée question). Deux tubes néon de 60 watts n’y servent à rien d’autre qu’assurer la publicité de ces multinationales, et à alourdir un peu la facture du refroidissement des précieux berlingots et canettes, puisque même des néons, ça chauffe. Ça coûtait 2.500 francs, soit 60 euros, par an et par distributeur en 1995, quand j’étais trésorier-adjoint de l’amicale (qui court après l’argent), et que je les avais débranchés. Comptez cent aujourd’hui.
Le monde progresse vers sa vérité marchande.
De temps en temps je vote donc avec mes pieds: une manif, ou avec mes mains: écrire un texte. Et par un achat: made in dignity, ou par un refus: fini les fraises espagnoles. D’autres fois, par un don.
Je préférerais m’occuper de mon jardin, mais le monde ne me laisse pas le choix.
L’arrestation sans explication ni poursuite, pour plusieurs jours, de quelques Belges à Rostock, m’a encore obligé d’écrire une lettre à l’ambassadeur de Belgique à Berlin. Réponse: « L’ambassade est en contact constant avec les autorités allemandes à Rostock ».
Chouette.
J’ai quand même versé un peu d’argent à Indymedia Deutschland, affilié allemand d’un large réseau de presse militante, présent aussi à Liège, à Bruxelles et un peu partout dans le monde. La presse « moyenne » (« main-stream ») n’est plus vraiment un contre-pouvoir.
Il leur manquait 11.000 euros au 21 mai pour assurer les activités du Mediacenter à Rostock. Je ne sais s’ils les ont récoltés, mais je ne crois pas qu’ils aient budgétisé les menus objets cassés par la police. Ici bien tranquillement, on peut débrancher un néon inutile ou nuisible et leur verser une obole.